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gras, alors les vaches maigres de Pharaon doivent être aimees. Non, mon bon seigneur; bannis Peto, bannis Bardolph, bannis Poins; mais pour l'aimable Jack Falstaff, le bon Jack Falstaff, l'honnête Jack Falstaff, le vaillant Jack Falstaff, et d'autant plus vaillant qu'il est le vieux Jack Falstaff, ne le bannis pas de la société de ton Henri. »

Après la bataille de Shrewsbury, Henri rencontre Falstaff qu'il croyait tombé mort sur le champ de bataille.

Henri.

t'ai vu mort. Falst.

<< Comment! c'est moi qui ai tué Percy, et toi, je

Toi? Mon Dieu, mon Dieu, comme ce monde est adonné au mensonge! Je conviens avec vous que j'étais par terre et sans haleine, et lui aussi. Mais nous nous sommes relevés tous deux au même instant et nous nous sommes battus pendant une grande heure sonnée à l'horloge de Shrewsbury. Si l'on veut m'en croire, à la bonne heure; sinon le péché en demeurera à ceux qui devraient récompenser la valeur. Je veux mourir si ce n'est pas moi qui lui ai porté cette blessure que vous lui voyez à la cuisse. Si l'homme était encore en vie et qu'il osat me démentir, je lui ferais avaler un pied de mon épée. »

Hotspur répond à Henri IV qui l'interroge sur le motif qui lui a fait refuser les prisonniers de guerre à son roi.

<< Mon souverain, je ne vous ai point refusé de prisonniers, » mais je me rappelle qu'après la fin du combat, au moment où >> je me sentais desséché par la chaleur de l'action et par l'excès » de la fatigue, lorsque faible et haletant, je m'appuyais sur mon » épée, il vint à moi un seigneur élégant, paré avec grâce, frais >> comme un marié, et le menton aussi bien rasé qu'un champ >> après la moisson. Il était parfumé comme un marchand de » modes. Entre son pouce et l'index il tenait une petite boîte de >> senteur que de temps en temps il portait à son nez, puis il l'en >> retirait. En même temps, il ne cessait de sourire et de babiller; » et comme les soldats passaient près de lui, emportant les ca» davres, il les traitait de marauds grossiers et incivils pour oser >> mettre ces sales et vilains cadavres entre le vent et un homme » tel que lui. Il me questionna en termes recherchés, et d'un >> ton de jolie femme. Entre autres choses, il me demanda mes » prisonniers, au nom de votre majesté. Moi, dans ce moment,

» irrité par mes blessures, et me voyant ainsi harcelé par un >> damoiseau, dans ma mauvaise humeur, perdant patience, je >> lui répondis négligemment je ne sais quoi, qu'il les aurait » ou ne les aurait pas; car il me rendait fou de colère, en » venant avec sa démarche sautillante et tous les parfums » qu'il exhalait, me parler dans le langage d'une femme de » cour, de canons, de tambours et de blessures, etc., me dire » (Dieu sait à quel propos) qu'il n'y avait rien d'aussi admira» ble que le spermacéti pour des contusions internes, et que » c'était grand'pitié que l'on allàt déterrer dans les entrailles » de la terre innocente ce vilain salpêtre qui a détruit là>> chement plus d'un grand et robuste gentilhomme, et que >> sans ces vilaines armes à feu, il aurait été guerrier comme >> les autres. C'est comme je vous l'ai dit, mon prince, c'est à » ce bavardage, sans aucune suite, que je répondis vaguement; >> et, je vous en conjure, n'accordez pas assez d'autorité à son » rapport pour qu'il serve à noircir mon dévouement aux yeux » de votre majesté. »

HENRI IV, ROI D'ANGLETERRE.

II PARTIE.

TRAGÉDIE.

Northumberland, père de Percy, désespéré de la défaite des rebelles et de la mort de son fils, forme une nouvelle ligue contre le roi, avec l'archevêque d'York et plusieurs autres seigneurs. Le roi Henri, averti de ce nouvel orage, assemble une armée qu'il envoie contre les révoltés, sous les ordres de son fils, Jean de Lancastre. Northumberland, ne se sentant pas assez fort, se réfugie en Ecosse; les rebelles se prêtent aux voies d'accommodement que le prince Jean leur fait proposer.

La paix se conclut le verre à la main. Mais à peine les factieux sont-ils dispersés, que le prince Jean fait arrêter l'archevêque d'York et deux autres chefs. Northumberland, qui arrive d'Écosse avec un corps de troupes, est défait. La joie que cause au roi cette double nouvelle aggrave sa maladie. Il fait placer alors sa couronne auprès de lui, défendant que personne n'entre dans son appartement, sans être appelé. Le prince de Galles, dont la conduite n'est pas plus régulière qu'auparavant, croyant son père près de mourir, s'introduit dans sa chambre, et enlève la couronne. Henri s'éveille, et, apprenant l'action de son fils, il le fait venir, et déplore devant lui le malheur des pères à qui le ciel a donné des enfants ingrats. Il lui reproche l'avidité avec laquelle il s'est emparé de sa couronne avant sa mort. Le prince de Galles, pénétré d'une douleur sincère, déteste les égarements de sa jeunesse, et promet de faire oublier ses vices par des vertus opposées. Le roi, touché de son repentir, l'embrasse, let déclare son héritier, meurt peu après, et le prince de Galles devient son successeur, sous le nom de Henri V. Par des marques d'amitié vives et sincères, il rassure tous ceux qui ont été attachés à son père; il bannit de Londres Falstaff et les compagnons de ses débauches.

Shakspeare composa, dit-on, cette pièce en 1598. L'action embrasse une période de neuf ans, qui commence à la mort de Hotspur, en 1403, et se termine au couronnement de Henri V, en 1412-13. Plusieurs scènes de cette seconde Partie sont fortes et pathétiques; mais, en général, elles sont plus libres que dans la première Partie. Shallow est le portrait bizarre et plaisant d'un magistrat sans cervelle; caractère qui pourrait bien n'être pas particulier au Glocestershire. En exposant ainsi sa dignité au ridicule du public, Shakspeare s'est amplement vengé d'un vieux juge du Warwickshire.

Falstaff, ayant choisi pour recruter sa compagnie deux pauvres misérables tout contrefaits, répond à Shallow qui se récrie sur ce choix :

<< Voulez-vous m'apprendre, monsieur Shallow, à choisir un homme? Est-ce que je me soucie, moi, des membres, de la largeur, de la stature, de la corpulence, et de toutes ces formes robustes? Donnez-moi le cœur, monsieur Shallow. Voilà un bossu, par exemple: vous voyez à quel point il est contrefait; eh bien,

c'est un homme qui vous chargera et fera partir son mousquet aussi vite que le marteau d'un chaudronnier..... Et cet autre demi-visage, ce maraud de l'ombre, voilà encore un homme comme il m'en faut. Cela ne présente ni but ni surface à l'ennemi. Celui qui voudra tirer sur lui pourrait tout aussi facilement ajuster le tranchant d'un canif..... Oh! donnez-moi les hommes de rebut, et mettez au rebut les hommes d'élite. Bardolph.-Tenez-vous, bossu; marche! comme cela.

Falst. Allons, maniez votre mousquet..... Bien, avancez..... fort bien..... parfaitement bien..... Donnez-moi toujours un soldat vieux, maigre, ratatinė, pelé. »

Rien de plus plaisant que l'énumération que Falstaff fait des joyeuxeffets de la boisson.

« Une bonne bouteille de vin de Xérès produit deux grands >> effets. Premièrement, elle monte à la tête, s'empare de mon » cerveau, y dessèche toutes les vapeurs noires et épaisses qui >> l'environnent; elle rend la conception vive, légère, la rem

plit de traits soudains, animés, charmants, qui, communiqués » à la voix, jaillissent en excellentes saillies. Le second avan>> tage qu'on retire de cette délicieuse boisson de Xérès, c'est » qu'elle réchauffe le sang auparavant froid et tranquille (ce qui » est la marque évidente de la pusillanimité et de la làcheté); >> mais le Xérès le ranime et le fait circuler de l'intérieur aux > extrémités. Si j'avais mille fils, poursuit-il, le premier prin. >>cipe viril que je leur donnerais serait de renoncer à toute >> maigre boisson, et de s'adonner au vin d'Espagne.

Falstaff se réjouit avec ses amis du couronnement de Henri V: « Falst. Allons, Bardolph, partons; selle mon cheval. Maitre Robert Shallow, choisis la place que tu voudras dans tout le pays, elle t'appartient; et toi, Pistol, je te surchargeraj de dignités.

Bard.

O jour heureux! je ne donnerais pas ma fortune pour une baronie.

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Falst. - Maitre Shallow, milord Shallow, vois ce que tu veux être. Je suis l'intendant de la fortune; prends tes bottes, nous voyagerons toute la nuit. Viens, Pistol..... Cherche dans ta tête quelque emploi qui te fasse plaisir. Vos bottes, vos bottes, maitre Shallow! je suis sûr que le jeune roi languit

après moi. Prenons les chevaux du premier venu, n'importe qui. Les lois d'Angleterre sont actuellement à mes ordres. Heureux ceux qui ont été mes amis, et malheur à milord grand-juge. >>

Falstaff et Shallow arrivent après le couronnement, et, en attendant le passage du roi, s'entretiennent ainsi :

Falst. - « Cette manière modeste de se présenter sied mieux encore sans livrée. C'est une preuve de l'impatience que j'avais de le voir.

Shall.

Oui, c'en est une preuve.

Falst.- Cela fait voir l'ardeur de mon affection.

Shall.

Oui, sans doute.

Falst. Mon dévouement.

Shall.
Falst.

-

Certainement, certainement, vous avez raison. - Cela a l'air d'un homme qui a couru la poste jour et nuit, sans délibérer, sans songer à rien, sans se donner le temps de changer de chemise.

On apprend à Falstaff que sa maîtresse est arrêtée; il répond avec confiance:

« Je la délivrerai. »>

Il se présente au roi qui lui dit :

« Je ne te connais pas..... j'ai rêvé longtemps d'un homme » qui te ressemblait..... mais je suis réveillé, je méprise mon >> rêve. >>

Falstaff est exilé, avec promesse d'un emploi s'il s'amende.

« Falst. — Maitre Shallow, je vous dois mille livres sterling. Shall Oui vraiment, sir Jean; je vous prie de me les rendre, pour que je puisse les remporter avec moi.

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Falst. N'ayez pas d'inquiétude sur votre fortune; je suis encore, tel que vous me voyez, l'homme qui vous fera grand seigneur.

Shall. Je ne vois pas trop comment, à moins que vous ne me donniez votre pourpoint, et que vous ne me rembourriez de paille. Je vous en prie, mon cher sir Jean, sur les mille livres rendez-m'en seulement cinq cents.

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