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L's paper. Mr. Burnet has had it this year or two, but never communicated it to me, 'till about a fortnight agone. Indeed Mr. Cunningham procured me a sight of it last summer, and he and I read it paragraph by paragraph over together, and he confessed to me, that some parts of it he did not understand; and I showed him in others, that Mr. L's opinion would not hold, who was perfectly of my mind. I mention Mr. Cunningham to you, in the case, because I think him an extraordinary man of parts and learning, and he is one that is known to Mr. L. To answer your freedom with the like, I must confess to you, that Mr. L- —'s great name had raised in me an expectation which the sight of his paper did not answer, nor that discourse of his in the "Acta Eruditorum, which he quotes, and I have since read, and had just the same thoughts of it, when I read it, as I find you have. From whence I only draw this inference, that even great parts will not master any subject without great thinking, and even the largest minds have but narrow swallows. Upon this occasion I cannot but again regret the loss of your company and assistance, by this great distance.

I have lately got a little leisure to think of some additions to my book, against the next edition, and within these few days have fallen upon a subject, that I know not how far it will lead me. I have written several pages on it, but the matter, the farther I go, opens the more upon me, and I cannot yet get sight of any end of it. The title of the chapter will be, " Of the Con"duct of the Understanding," which, if I shall pursue, as far as I imagine it will reach, and as it deserves, will, I conclude, make the largest chapter of my Essay. It is well for you, you are not near me; I should be always pestering you with my notions, and papers, and reveries. It would be a great happiness to have a man of thought to lay them before, and a man that would deal candidly and freely.

I hope, ere this, you and your brother have received printed copies of what the doctor communicated to the Royal Society. I presume it is published before this

time, though I have not seen it; for Dr. Sloane writ me word, some time since, that it would be speedily, and told me he would send it to you. And, if Mr. Churchill has taken that care he promised me, I hope you have also received my letter to the bishop of Worcester, and that I shall soon receive your thoughts of it.

The business you proposed to Dr. S――is generously designed, and well managed, and I very much wish it success. But will not Dr. S--be persuaded to communicate to the world the observations he made in Turky? The discourse I had with him satisfies me they well deserve not to be lost, as all papers laid up in a study are. Methinks you should prevail with him to oblige his country.

Though my paper be done, yet I cannot close my letter till I have made some acknowledgments to you, for the many great marks you give me of a sincere affection, and an esteem extremely above what I can deserve, in yours of the 16th of March. Such a friend, procured me by my Essay, makes me more than amends for the many adversaries it has raised me. But, I think, nobody will be able to find any thing mischievous in it, but what you say, which I suspect, troubles some men; and I am not sorry for it, nor like my book the worse. He that follows truth impartially, seldom pleases any set of men; and I know not how a great many of those, who pretend to be spreaders of light and teachers of truth, would yet have men depend upon them for it, and take it rather upon their words than their own knowledge, just cooked and seasoned as they think fit. But it is time to release you after so long a trouble. I am perfectly,

Dear SIR,

Your most humble, and most faithful servant,

JOHN LOCKE.

Reflexions de Mr. L sur "l'éssai de l'entendement humain" de Monsieur Locke.

JE trouve tant de marques d'une penetration peu ordinaire dans ce que Mr. Locke nous a donné sur l'entendement de l'homme, & sur l'education, & je juge la matiere si importante, que j'ai crû ne pas mal employer le tems que je donnerois à une lecture si profitable; d'autant que j'ai fort medité moi-même sur ce qui regarde les fondemens de nos connoissances. C'est ce qui m'a fait mettre sur cette feüille quelques unes des remarques qui me sont venues en lisant son "essai "de l'entendement.' De toutes les recherches il n'y en a point de plus importantes, puisque c'est la clef de toutes les autres.

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Le premier livre regarde principalement les principes qu'on dit être néz avec nous. Mr. Locke ne les admet pas, non plus que les idées inées. Il a eu sans doute de grandes raisons de s'opposer en cela aux préjugez ordinaires, car on abuse extrêmement du nom d'idées & de principes. Les philosophes vulgaires se font des principes à leur phantasie, & les Cartesiens, qui font profession de plus d'exactitude, ne laissent pas de faire leur retrenchement des idées prétendües, de l'étendüe de la matiere, & de l'ame; voulant s'éxempter par-la de la nécessité de prouver ce qu'ils avancent; sous prétexte que ceux qui méditeront les idées, y trouveront la même chose qu'eux, c'est-à-dire, que ceux qui s'accoûtumeront à leur jargon & à leur maniere de penser, auront les mêmes préventions, ce qui est très-véritable. Mon opinion est donc qu'on ne doit rien prendre pour principe primitif, si non les expériences & l'axiôme de l'identicité ou (ce qui est la même chose) de la contradiction, qui est primitif, puisqu' autrement il n'y auroit point de difference entre la verité & la fausseté; & toutes les recherches cesseroient d'abord, s'il étoit indifferent de dire oui ou non. On ne sauroit donc s'empêcher de supposer ce principe, dès qu'on veut rai

sonner. Toutes les autres veritez sont prouvables, & j'estime extrêmement la methode d'Euclide, qui sans s'arrêter à ce qu'on croiroit être assez prouvé par les prétendües idées, a demontré (par exemple) que dans une triangle un côté est toûjours moindre que les deux autres ensemble. Cependant Euclide a eu raison de prendre quelques axiômes pour accordés, non pas comme s'ils étoient véritablement primitifs & indémonstrables, mais parce qu'il se seroit trop arrêté, s'il n'avoit voulu venir aux conclusions qu'après une discussion éxacte des principes: ainsi il a jugé à propos de se contenter d'avoir poussé les preuves, jusqu'à ce petit nombre de propositions, en sorte qu'on peut dire que si elles sont vraies, tout ce qu'il dit l'est aussi. Il a laissé â d'autres le soin, de démontrer ces principes mêmes, qui d'ailleurs sont déja justifiées par les expériences. Mais c'est dequoi on ne se contente point en ces matieres: c'est pourquoi Apollonius, Proclus, & autres, ont pris la peine de démontrer quelques uns des axiômes d'Euclide. Cette maniere doit être imitée des philosophes, pour venir enfin à quelques établissemens, quand ils ne seroient que provisionels; de la maniere que je viens de dire. Quant aux idées j'en ai donné quelque éclaircissement dans un petit écrit imprimé dans les actes des sçavans de Leipzig au mois de Novembre, 1684, p. 537, qui est intitulé, "Meditationes de cognitione, veritate, " & ideis," & j'aurois souhaité que Mr. Locke l'eut vû & éxaminé, car je suis des plus dociles, & rien n'est plus propre à avancer nos pensées que les considerations & les remarques des personnes de mérite, lorsqu'elles sont faites avec attention & avec sincerité. Je dirai seulement ici, que les idées vraies ou réeles sont celles dont on est assûré que l'éxécution est possible, les autres sont douteuses ou (en cas de preuve de l'impossibilité) chimériques. Or la possibilité des idées se prouve tant à priori par des démonstrations, en se servant de la possibilité d'autres idées plus simples, qu'à posteriori par les expériences, car ce qui est ne sçauroit manquer d'être possible: mais les idées primitives sont celles dont la possibilité est indémonstrable, & qui en effet ne sont autre chose que les attributs de Dieu. Pour ce qui est

de la question, "s'il y a des idées & des véritez créez avec nous;" je ne trouve point absolument nécessaire pour les commencemens, ni pour la pratique de l'art de penser, de la décider, soit qu'elles nous viennent toutes de déhors, ou qu'elles viennent de nous, on raisonnera juste pourvû qu'on garde ce que j'ai dit cidessus & qu'on precede avec ordre & sans prévention, La question de "l'origine de nos idées & de nos max▾ "imes" n'est pas préliminaire en philosophie, & il faut, avoir fait de grands progrès pour la bien résoudre. Je crois cependant pouvoir dire que nos idées (même celles de choses sensibles) viennent de notre propre - fonds, dont on pourra mieux juger parce que j'ai pub, lié touchant la nature & la communication des substances & ce qu'on appelle "l'union de l'ame avec le corps," car j'ai trouvé que ces choses n'avoient pas été bien prises. Je ne suis nullement pour la tabula rasa d'Aristote, & il y a quelque chose de solide dans ce que Platon appelloit la reminiscence. Il y a même quelque chose de plus, car nous n'avons pas seulement une reminiscence de toutes nos pensées passées; mais encore un pressentiment de toutes nos pensées futures. Il est

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vrai que c'est confusément & sans les distinguer, à peu près comme lorsque j'entends le bruit de la mer, j'en tends celui de toutes les vagues en particulier qui composent le bruit total; quoique ce soit sans discerner une vague de l'autre. Et il est vrai dans un certain sens que j'ai expliqué, que non seulement nos idées, mais encore nos sentimens naissent de nôtre propre fonds, & que l'ame est plus indépendante qu'on ne pense, quoiqu'il soit toûjours vrai que rien ne se passe en elle qui ne soit déterminé.

Dans le livre ii. qui vient au détail des idées, j'avouë que les raisons de Mons. Locke pour prouver que l'ame est quelquefois sans penser à rien, ne me paroissent pas, convainquantes; si ce n'est qu'il donne le nom de pensées aux seules perceptions assez notables pour être distinguées & retenues. Je tiens que l'ame & même le corps n'est jamais sans action, & que l'ame n'est jamais ans quelque perception. Même en dormant on a quel ques sentimens confus & sombres du lieu où l'on est &

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