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<< Pas si vite, nous n'en sommes pas encore là. Qu'il Vous suffise de savoir que vous aurez la gloire de fournir un père à ce qu'un si brave père a engendré. C'est un garçon, félicitez-vous, monsieur, vous aurez Misérable un garçon pour hériter de votre nom. damnée! Ah! si vous ne voulez pas écouter, je ne dirai plus rien. — Si, parle, et ce sont tes dernières paroles. Accepté, accepté! Quel mot, quel cri soudain, rompant ce torrent d'ironie, vrai cri d'exaltée, qui est affamée de mourir et demande qu'on se dépêche! A la fin, tout s'est découvert, et les deux amants savent qu'ils vont mourir. Pour la dernière fois, ils se voient dans la chambre d'Annabella, écoutant au-dessous d'eux le bruit de la fête qui leur servira de funérailles. Giovanni, qui a pris sa résolution en furieux, regarde Annabella toute parée, éblouissante. Il la regarde silencieusement, et se souvient. Il pleure1. « Ce sont des larmes funéraires, Annabella, des larmes pour votre tombe; de pareilles larmes sillonnaient mes joues, quand pour la première fois je vous aimais et ne savais comment vous prier d'amour.... Donnez-moi votre main. Comme la vie coule suavement dans ces veines azurées! Comme ces mains promettent

1.

These are the funeral tears
Shed on your grave; these furrowed my cheeks
When first I lov'd and knew not how to woo....
Give me your hand; how sweetly life doth run
In these well-colour'd veins! How constantly
These palms do promise health!...
Kiss me again, forgive me.... Farewell....
Soranzo, see this heart, which was thy wife's.
Thus I exchange it royally for thine.

(Ibid., acte V, sc. v.)

bien la santé!... Embrasse-moi encore, pardonne-moi. Adieu. Sur ce mot il la poignarde, et, arrachant le cœur, l'apporte au bout de sa lame dans la salle du banquet, devant Soranzo, avec des ricanements et des insultes. « Tiens, voilà le cœur de ta femme; c'est un échange royal, je prends le tien en échange. » Il le tue, et se jetant sur des épées, se fait tuer lui-même. Il semble que la tragédie ne puisse aller au delà.

Elle a été au delà; car si ce sont ici des mélodrames, ce sont des mélodrames sincères, fabriqués, non pas comme les nôtres, par des littérateurs de café pour des bourgeois paisibles, mais écrits par des hommes passionnés et experts en fait d'actions tragiques, pour une race violente, surnourrie et triste. De Shakspeare à Milton, à Swift, à Hogarth, nulle ne s'est plus soûlée de crudités et d'horreurs, et ses poëtes lui en donnent à foison, Ford encore moins que Webster, celui-ci un homme sombre, et dont la pensée semble habiter incessamment les sépulcres et les charniers. Les places à la cour, dit-il, sont comme des lits dans un hôpital, où la tête de l'un est aux pieds de l'autre, et ainsi de suite, toujours en descendant1. » Voilà de ses images. Pour faire des désespérés, des scélérats parfaits, des misanthropes acharnés 2, pour noircir et blasphemer la vie humaine, surtout pour peindre la dépravation

1. Edition Dyce, Duchess of Malfi, 60.

α

For places in court are but like beds in the hospital, where this man's head lies at that man's foot, and so lower and lower.

(Duchess of Malfi, acte II, sc. I.)

Personnages de Bosola, de Flaminio.

effrontée et la férocité raffinée des mœurs italiennes, personne ne l'égale1. La duchesse de Malfi a épousé secrètement son intendant Antonio, et son frère apprend qu'elle a des enfants; presque fou de fureur et d'orgueil blessé, il se tait, attendant pour savoir le nom du père; puis, tout d'un coup, il arrive : il veut la tuer, mais en lui faisant savourer la mort. Qu'elle souffre bien, et surtout ne meure pas trop vite! Qu'elle souffre du cœur, ces douleurs-là sont pires que celles de la chair. Il envoie des assassins contre Antonio, et cependant il vient à elle dans l'obscurité avec des paroles affectueuses, semble se réconcilier avec elle et subitement lui montre des figures de cire couvertes de blessures, qu'elle prend pour son mari et ses enfants égorgés. Elle s'abat sous le coup, et reste morne, sans crier, comme « un misérable brisé sur la route. » Aux encouragements, aux consolations, elle ne répond que par un étrange sourire de statue. « Allons, courage, je sauverai votre vie'. - En vérité, je n'ai pas le loisir

1. Voyez Stendhal, Chroniques italiennes : les Cenci, la Duchesse de Palliano, et toutes les Vies du temps; celle des Borgia, de Bianca Capello, de Vittoria Accoramboni, etc.

2.

3.

I would have their bodies

Burnt in a coal pit, with the ventage stopp'd,

That their curs'd smoke might not ascend to heaven;

Or dip the sheets they lie in pitch or sulphur,

Wrap them in't, and then light them as a match;

Or else to boil their bastard to a cullis

And give't his lecherous father to renew

The sin of his back.

DUCHESS.

Good comfortable fellow,

Persuade a wretch that's broke upon the wheel

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de songer à une si petite chose Sur ma parole, j'ai pitié de vous. Alors, tu es fou de dépenser ta pitié ainsi; moi je ne peux pas avoir pitié de moi-même.... Mon cœur est plein de poignards. >> Paroles lentes, prononcées à mi-voix, comme en un rêve ou comme si elle parlait d'un autre. Son frère lui envoie une bande de fous qui gambadent, et hurlent, et divaguent lugubrement autour d'elle, horrible vue capable de renverser la raison, et qui est comme un avant-goût de l'enfer. Elle ne dit rien, elle regarde; son cœur est mort, ses yeux sont fixes1: « A quoi pensez-vous?

To have all his bones new set: entreat him live
To be executed again. Who must despatch me?

BOSOLA.

Come, be of comfort, I will save your life.

DUCHESS.

Indeed, I have not leisure to tend

So small a business.

BOSOLA.

Now, by my life, I pity you.

DUCHESS.

Thou art a fool then

To wast thy pity upon a thing so wretched
As cannot pity itself. I am full of daggers....
(Ibid., acle V, SC. I.)

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O, that it vere possible we might

But hold some two days' conference with the dead!
From them I should learn somewhat, I am sure,
I never shall know here I'll tell thee a miracle:

A rien. Quand je rêve ainsi, je dors. Comme une folle, les yeux ouverts. - Crois-tu que nous nous connaîtrons l'un l'autre, dans l'autre monde? - Oui, sans aucun doute. Oh! si l'on pouvait avoir un entretien de deux jours seulement avec les morts! J'apprendrais quelque chose que je ne saurai jamais

I am not mad yet....

The heaven o'er my head seems made of molten brass.
The earth of flaming sulphur, yet I am not mad.
I am acquainted with sad misery

As the tann'd galley-slave is with his oar....

Farewell, Cariola.

DUCHESS.

I pray thee, look thou giv'st my little boy
Some syrup for his cold, and let the girl

Say her prayers ere she sleep.... Now what you please.
What death?

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