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leur pureté, se disant à lui-même « que si l'impudicité « dans la femme que saint Paul appelle la gloire de • l'homme est un si grand scandale et un si grand déshonneur, certainement dans l'homme, qui est à << la fois l'image et la gloire de Dieu, elle doit être, quoique communément on ne pense pas ainsi, un << vice bien plus déshonorant et bien plus infâme 1. » Il pensa que toute âme noble et libre doit être de << naissance et sans serment un chevalier, » pour la

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pratique et la défense de la chasteté, et garda sa virginité jusqu'à son mariage 2. Quelle que fût la tentation, attrait ou crainte, elle le trouvait aussi résistant et aussi ferme. Par gravité et convenance, il évitait les disputes de religion; mais si on attaquait la sienne, il la défendait âprement, jusque dans Rome, en face des jésuites qui complotaient contre lui, à deux pas de l'Inquisition et du Vatican. Le devoir dangereux, au lieu de l'écarter, l'attirait. Quand la révolution commença à gronder, il revint, par conscience, comme un soldat qui au bruit des armes court au péril. « persuadé qu'il était honteux pour lui de passer oisivement son temps à l'étranger et pour son plaisir, quand ses compatriotes luttaient pour leur

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1. I argued to myself that, if unchastity in a woman, whom St. Paul terms the glory of man, be such a scandal and dishonour, then certainly in a man, who is both the image and glory of God, it must, though commonly not so thought, be much more deflouring and dishonourable. (Ibid.)

Only this my mind gave me that every free and gentle spirit, without that oath, ought to be born a knight. (Ibid.)

2. Voyez passim son Traité du Divorce, qui est transparent.

« liberté. » La lutte engagée, il parut aux premiers rangs, en volontaire, appelant sur lui les coups les plus rudes. Dans toute son éducation et dans toute sa jeunesse, dans ses lectures profanes et dans ses études sacrées, dans ses actions et dans ses maximes, perce déjà sa pensée dominante et permanente, la résolution de développer et dégager en lui-même l'homme idéal.

II

Deux puissances principales conduisent les hommes: l'impulsion et l'idée; l'une, qui mène les âmes sensitives, abandonnées, poétiques, capables de métamorphoses, comme Shakspeare; l'autre, qui gouverne les âmes actives, résistantes, héroïques, capables d'immutabilité, comme Milton. Les premières sont sympathiques et fécondes en effusions; les secondes sont concentrées et disposées à la réserve1. Les unes se livrent, les autres se gardent. Ceux-là, par confiance et par sociabilité, avec un instinct d'artiste et une subite compréhension imitative, prennent involontairement le ton et la disposition des hommes et des choses qui les environnent, et leur dedans se met tout de suite en équilibre avec le dehors. Ceux-ci, par

1. « Quand même je n'aurais eu qu'une faible teinture du christianisme, une certaine réserve naturelle d'humeur et la discipline morale enseignée par la plus noble philosophie eussent suffi pour m'inspirer le dédain des incontinences. » (Apologie pour Smectymnus.)

défiance, par rigidité, avec un instinct de combattants et un prompt regard jeté sur la règle, se replient naturellement sur eux-mêmes, et dans l'enceinte close où ils s'enferment, ils ne sentent plus les sollicitations ni les contradictions de leurs alentours. Ils se sont formé un modèle, et, dorénavant, comme une consigne, ce modèle les retient ou les pousse. Comme toutes les puissances destinées à prendre l'empire, l'idée intérieure végète et absorbe à son profit le reste de leur être. Ils l'enfoncent en eux par des méditations, ils la nourrissent de raisonnements, ils y attachent le réseau de toutes leurs doctrines et de toutes leurs expériences, en sorte que lorsqu'une tentation les assaille, ce n'est pas un principe isolé qu'elle attaque, c'est l'écheveau entier de leurs croyances qu'elle rencontre, écheveau infiniment ramifié et trop tenace pour qu'une séduction sensible puisse l'arracher. En même temps l'homme, par habitude, s'est mis en défense; l'attitude militante lui est naturelle, et il se tient debout, affermi dans l'orgueil de son courage et dans l'ancienneté de sa réflexion.

Une âme ainsi munie est comme un plongeur dans sa cloche1; elle traverse la vie comme il traverse la mer, pure, mais isolée. De retour en Angleterre, il retomba parmi ses livres, et admit chez lui quelques élèves auxquels il imposa comme à lui-même un travail continu, des lectures sérieuses, un régime frugal,

1. Mot de Jean-Paul Richter. Voir un excellent article sur Milton, National Review, July, 1859.

une conduite sévère: vie de solitaire, presque d'ecclésiastique. Tout d'un coup, en un mois, après un voyage à la campagne, il se maria1. Quelques semaines après, sa femme retourna au logis paternel, ne voulut plus revenir, ne tint compte de ses lettres, et renvoya son messager avec dédain. Les deux caractères s'étaient choqués. Rien ne plaît moins aux femmes que le naturel austère et renfermé. Elles voient qu'elles n'ont point prise sur lui; sa dignité les effarouche, son orgueil les repousse, ses préoccupations les laissent à l'écart; elles se sentent subordonnées, négligées pour des intérêts généraux ou pour des curiosités spéculatives, jugées de plus, et d'après une règle inflexible, tout au plus regardées avec condescendance, comme une sorte d'être moins raisonnable et inférieur, exclues de l'égalité qu'elles réclament et de l'amour qui seul pour elles peut compenser la perte de l'égalité. Le caractère prêtre est fait pour la solitude; les ménagements, les abandons et les grâces, l'agrément et la douceur nécessaires à toute société lui font défaut; on l'admire, mais on le plante là, surtout quand on est comme la femme de Milton un peu bornée et vulgaire, et que la médiocrité de l'intelligence

1. 1643, à trente-cinq ans.

2. Mute and spiritless mate.

<< The bashful muteness of the virgin may oftentimes hide all the unloveliness and natural sloth which is really unfit for conversation.

« A man shall find himself bound fast to an image of earth and phlegm, with whom he looked to be the copartner of a sweet and delightsome society. » (Milton, Doctrine and Discipline of Divorce.)

Une jolie femme dira en revanche : « Je n'aime pas un homme qui porte sa tête comme un saint sacrement. »

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vient s'ajouter aux répugnances du cœur. « Il avait, disent les biographes, une certaine gravité de nature..., une sévérité d'esprit qui ne condescendait point aux petites choses, et le maintenait dans les hauteurs, dans une région qui n'est pas celle du ménagę. On l'accusait d'être âpre, colérique, » et certainement il tenait à sa dignité d'homme, à son autorité d'époux, et ne se trouvait pas estimé, respecté, prévenu autant qu'il croyait mériter de l'être. Enfin, il passait le jour parmi ses livres, et le reste du temps il habitait de cœur dans un monde abstrait et sublime dont peu de femmes ont eu la clef, sa femme moins que toute autre. En effet, il l'avait choisie en homme de cabinet, d'autant plus inexpérimenté, que sa vie antérieure avait été « mieux gouvernée et plus tempérante. Pareillement il ressentit sa fuite en homme de cabinet, d'autant plus irrité que les façons du monde lui étaient plus inconnues. Sans craindre le ridicule, et avec la roideur d'un spéculatif tout d'un coup heurté par la vie réelle, il écrivit des traités en faveur du divorce, les signa de son nom, les dédia au Parlement, se crut divorcé, de fait, puisque sa femme refusait de revenir, de droit, parce qu'il avait pour lui quatre passages de l'Écriture; là-dessus il fit la cour à une jeune fille, et tout d'un coup, voyant sa femme à ses genoux et pleurante, il lui pardonna, la reprit, recommença son sec et triste mariage, sans se laisser rebuter par l'expérience, au contraire destiné à contracter deux autres unions encore, la dernière avec une femme plus jeune que lui de trente ans.

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