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V

Ce n était là pourtant qu'une demi-réforme, et la religion officielle était trop liée au monde pour entreprendre de le nettoyer jusqu'au fond; si elle réprimait les débordements du vice, elle n'en attaquait pas la source, et le paganisme de la Renaissance, suivant sa pente, aboutissait déjà, sous Jacques Ier, à la corruption, à l'orgie, aux mœurs de mignons et d'ivrognes, à la sensualité provocante et grossière1 qui, plus tard, sous la Restauration, étala son égout au soleil. Mais sous le protestantisme établi s'étendait le protestantisme interdit; les yeomen se faisaient leur

let me never return to the follies of which I am ashamed, which bring sorrow and death, and thy displeasure, worse than death. Give me a command over my evil inclinations and a perfect hatred of sin, and a love to thee above all the desires of this world. Be pleased to bless and preserve me this night from all sin and violence of chance, and the malice of the spirits of darkness: watch over me in my sleep, and, whether I sleep or wake, let me be thy servant. Be thou first and last in all my thoughts and the guide and conticual assistance of all my actions. Preserve my body, pardon the sin of my soul, and sanctify my spirit. Let me always live holily and justly and soberly; and, when I die, receive my soul into thy hands.

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1. Voir le théâtre de Beaumont et Fletcher, les personnages de Bawder, Protalyce et Brunehaut dans Thierry et Théodoret. Dans The custom of the country, plusieurs scènes représentent l'intérieur d'une maison de prostitution, chose fréquente du reste dans ce théâtre (Massinger, Shakspeare). Mais ici les pensionnaires de la maison sont des hommes. Voyez aussi Rule a wife and have a

wife.

foi comme les gentilshommes, et déjà les puritains perçaient sous les anglicans.

Nulle culture ici, nulle philosophie, nul sentiment de la beauté harmonieuse et païenne. La conscience parlait seule, et son inquiétude était devenue une terreur. Le fils du boutiquier, du fermier, qui lisait la Bible dans la grange ou dans le comptoir, parmi les tonnes ou les sacs de laine, ne prenait pas les choses avec le même tour que le beau cavalier nourri dans la mythologie antique et raffiné par l'élégante éducation italienne. Il les prenait tragiquement, il s'examinait à la rigueur, il s'enfonçait dans le cœur toutes les pointes du scrupule, il s'emplissait l'imagination des vengeances de Dieu et des terreurs bibliques. Une sombre épopée, terrible et grande comme l'Edda, fermentait dans ces imaginations mélancoliques. Ils se pénétraient des textes de saint Paul, des menaces tonnantes des prophètes; ils s'appesantissaient en esprit sur les impitoyables doctrines de Calvin; ils reconnaissaient que la masse des hommes est prédestinée à la damnation éternelle1; plusieurs croyaient que cette multitude est criminelle avant de naître, que Dieu a voulu, prévu, ménagé leur perte, que de toute éternité il a médité leur supplice, et qu'il ne les a créés que pour les y livrer. Rien ne peut sauver la misérable créature que la grâce, la grâce gratuite, pure faveur de Dieu, que Dieu n'accorde qu'à un petit nombre et qu'il distribue non d'après les efforts et les œuvres des

1. Calvin, cité par Haag, II, 216, Histoire des dogmes chrétiens. 2. Ce sont les supralapsaires

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hommes, mais d'après le choix arbitraire de son absolue et seule volonté. Nous sommes les fils de la colère, pestiférés et condamnés de naissance, et quelque part que nous regardions dans le ciel immense, nous n'y trouvons que des foudres qui grondent pour nous écraser. Qu'on se figure, si on peut, les ravages d'une pareille idée en des esprits solitaires et moroses, tels que cette race et ce climat en produisent. Plusieurs se croyaient damnés et allaient gémissant dans les rues; d'autres ne dormaient plus. Ils étaient hors d'eux-mêmes, croyant toujours sentir sur eux la main de Dieu ou la griffe du diable. Une puissance extraordinaire, un gigantesque ressort d'action s'était tout d'un coup tendu dans l'âme, et il n'y avait aucune barrière dans la vie morale, ni aucun établissement dans la société civile que son effort ne pût renverser.

Dès l'abord, la vie privée est transformée. Comment les sentiments ordinaires, les jugements journaliers et naturels sur le bonheur et le plaisir subsisteraientils devant une conception pareille? Supposez des hommes condamnés à mort, non pas à la mort simple, mais à la roue, aux tortures, à un supplice infini en horreur, infini en durée, qui attendent la sentence et savent pourtant que sur mille, cent mille chances, ils en ont une de pardon; est-ce qu'ils peuvent encore s'amuser, prendre intérêt aux affaires ou aux plaisirs du siècle? L'azur du ciel ne luit plus pour eux, le soleil ne les réchauffe pas, la beauté et la suavité des choses les laissent insensibles; ils ont désappris le rire, ils s'acharnent intérieurement, tout

pâles et silencieux, sur leur angoisse et sur leur attente; ils n'ont plus qu'une pensée : « Le juge va-t-il me faire grâce?» Ils sondent anxieusement les mouvements involontaires de leur cœur qui seul peut répondre et la révélation intérieure qui seule les rend certains de leur pardon ou de leur perte. Ils jugent que tout autre état d'esprit est impie, que l'insouciance et la joie sont monstrueuses, que chaque distraction ou préoccupation mondaine est un acte de paganisme, et que la véritable marque du chrétien est le tremblement dans l'idée du salut. Dès lors la rigidité et le rigorisme entrent dans les mœurs. Le puritain condamne le théâtre, les assemblées et les pompes du monde, la galanterie et l'élégance de la cour, les fêtes poétiques et symboliques des campagnes, les mai, les joyeuses bombances, les sonneries de cloches, toutes les issues par lesquelles la nature sensuelle ou instinctive avait cherché à s'échapper. Il s'en retire, il abandonne les divertissements, les ornements, il coupe de près ses cheveux, ne porte plus qu'un habit sombre et uni, parle en nasillant, marche roide, les yeux en l'air, absorbé, indifférent aux choses visibles. Tout l'homme extérieur et na turel est aboli; seul l'homme intérieur et spiritue. subsiste; de toute l'âme il ne reste que l'idée de Dieu et la conscience, la conscience alarmée et malade, mais stricte sur chaque devoir, attentive aux moindres manquements, rebelle aux ménagements de la morale mondaine, inépuisable en patience, en courage, en sacrifices, installant la chasteté au foyer con

jugal, la véracité devant les tribunaux, la probité au comptoir, le travail à l'atelier, partout la volonté fixe de tout supporter et de tout faire plutôt que de manquer à la plus petite prescription de la justice morale et de la loi biblique. L'énergie stoïque, l'honnêteté foncière de la race se sont éveillées sous l'appel de l'imagination enthousiaste; et ces caractères tout d'une pièce se lancent sans réserve du côté du renoncement et de la vertu.

Encore un pas, et ce grand mouvement va passer du dedans au dehors, des mœurs privées aux institutions publiques. Considérez-les à leur lecture; ils prennent pour eux les prescriptions imposées aux Juifs, et les préfaces les y invitent. En tête de la Bible, le traducteur1 a mis une table des principaux termes de l'Écriture, chacun avec sa définition et les textes à l'appui. Ils lisent et pèsent chacune de ces paroles.

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― α

Abomination. L'abomination devant Dieu, ce sont les « idoles et les images devant qui le peuple s'incline." Le précepte est-il observé? Sans doute, on a ôté les images, mais la reine garde encore un crucifix dans sa chapelle, et n'est-ce pas un reste d'idolâtrie que de s'agenouiller devant le sacrement? Abrogation. Abroger, c'est abolir ou réduire à néant; et ains la « loi des commandements qui consistaient dans les décrets et les cérémonies est abolie; les sacrifices, « repas, fêtes et toutes les cérémonies extérieures sont abrogés; tout ordre de clergé est abrogė. » L'est-il,

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1. Traduction de Tyndal, 1549.

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