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devoir. Est-ce une raison pour repousser les vœux de populations qui veulent se donner à elle précisément en vertu du principe pour lequel nous venons de combattre ? Ce ne serait plus du désintéressement, et ce serait une rare inconséquence.

que le

Sur quoi d'ailleurs serait fondé ce refus? Il est vrai Piémont est notre allié, et que son Roi chevaleresque a droit à notre admiration et à toutes nos sympathies. Ses soldats sont les frères d'armes des nôtres, et, malgré la disproportion des territoires, nous attachons un prix véritable à son alliance. Mais il faut voir au vrai l'état de choses. Le Piémont s'agrandit, grâce à Magenta et à Solferino, du côté où le portait depuis si longtemps son ambition légitime. Il devient la Puissance Italienne par excellence, le conseil et l'épée de l'Italie. Dans cette nouvelle et glorieuse évolution, il est vraisemblable qu'il entraînerait encore moins la Savoie qu'il ne l'a entraînée jusqu'à présent. Les populations Savoisiennes deviendraient de plus en plus pour le Piémont un élément étranger. Avec cette intelligence politique dont Victor Emmanuel et ses principaux hommes d'Etat ont récemment donné tant de preuves, on comprendra certainement à Turin que ce sont les mêmes causes, dans des circonstances différentes, qui poussent le Piémont vers l'Italie et la Savoie vers la France.

Dira-t-on que c'est la richesse de la Savoie qui nous attire ? C'est un des pays les plus pauvres de l'Europe.

Dira-t-on que c'est pour donner à la France la frontière des Alpes? Ici nous acceptons l'allégation, et nous ne craignons pas de répondre que les Alpes sont notre frontière naturelle, et que cette clé est plus que jamais nécessaire dans nos mains, quand il va se former à nos portes un véritable Royaume d'Italie, qu'on a eu raison de comparer à la Prusse pour l'étendue, la force, et l'esprit militaire.

Les Alpes sont si bien la frontière naturelle de la France, “la Savoie," dit M. Anselme Petetin, "est si visiblement une découpure de notre carte militaire et politique, qu'en 1814, lorsque nous étions écrasés, que nous n'avions plus, je ne dis pas à dicter, mais presque à implorer des conditions, on nous donnait la Savoie par le Traité de Paris."

Notre droit fut donc reconnu par l'Europe en 1814. Supprimé en 1815, on sait pourquoi et comment, il reparaît aujourd'hui avec l'assentiment de la Savoie tout entière, et l'avénement du principe des nationalités en Europe.

Dans la Savoie, comme dans le Comté de Nice, dont nous parlerons un autre jour, le mouvement national est maintenant assez prononcé pour qu'on puisse dire: Le jugement est déjà rendu; Vox populi. Cependant, comme nous sommes de ceux qui aiment les situations nettes et qui veulent le triomphe des principes au grand

soleil, nous ne désirerions pas que l'annexion de la Savoie à la France s'accomplit sans que le vœu populaire fût solennellement constaté. Le suffrage universel sera encore ici la meilleure solution.

Française, la Savoie retournera à la France. L'histoire, la politique, la langue, les mœurs auront raison, et nous aurons nos frontières naturelles-les Alpes, qui, selon une expression heureuse, sont un décret de Dieu.-PAULIN LIMAYRAC.

No. 18.-Earl Cowley to Lord J. Russell.—(Received January 28.) (Extract.) Paris, January 27, 1860.

I SHOULD be glad to receive your Lordship's instructions as to the language which I should hold with regard to the annexation of Savoy and of the County of Nice to France.

I inclose for your Lordship's information a further article which has appeared in the "Patrie" on this subject.

I mentioned the matter this afternoon to M. Thouvenel. I said that I had no authority from your Lordship to speak to him, but that as Count Walewski had, some months ago, given me a solemn assurance that the idea of annexation, if once entertained, had been abandoned, I could not avoid asking, in the midst of all the rumours that were in circulation, whether his Excellency had any information to give me.

M. Thouvenel replied that he could assure me that the Emperor had not alluded to Savoy with him, but he proceeded to discuss the subject in a way which proves to me that he is ready to do argumentative battle in defence of it if necessary.

Lord J. Russell.

(Inclosure.)-Extract from the "Patrie."

COWLEY.

LE COMTE DE NICE.-Ce n'est pas un expédient ou un arrangement provisoire que la France poursuit en ce moment en Italie. La dernière campagne lui a donnée le droit et lui a presque imposé le devoir de fonder dans la Péninsule une œuvre sérieuse, et qui ait toutes les conditions de la durée. L'Italie était une cause perpétuelle de désordre; c'était une maladie Européenne. Il faut guérir radicalement cette maladie. Ce n'était plus une nationalité, c'était un volcan. Il faut éteindre ce volcan. Or, pour obtenir ce résultat désirable, comment pouvait-on s'y prendre? On ne pouvait faire que ce qu'on a fait, c'est-à-dire, réunir tout ce qui s'attire et demander à la géographie, à la langue, à l'histoire, leur dernier mot, résumé dans le vœu populaire.

Pour les esprits superficiels, le vou populaire, même plusieurs fois renouvelé, n'est qu'une fantaisie. Pour les esprits clairvoyans, pour les historiens dignes de ce nom, pour M. Augustin Thierry, par exemple, l'instinct populaire, résistant à toutes les circumstances

et traversant les phases les plus diverses sans se dénaturer, c'est l'histoire elle-même. De cette vérité, la situation actuelle de l'Italie nous offre un frappant exemple. Livrées à elles-mêmes, les populations s'efforcent de réaliser les conceptions de la diplomatie depuis deux siècles, conceptions qui n'ont été interrompues violemment qu'en 1815, lorsque l'esprit de haine et l'esprit de représailles prirent la place de l'habileté et de la prudence.

Dans une remarquable étude, publiée dans la "Revue des DeuxMondes," du 15 Juillet dernier, M. Saint-Marc Girardin a rappelé qu'à la fin du 17me siècle, et avant les entraînements de la guerre d'Espagne, l'Angleterre et la Hollande ne se souciaient pas plus que la France de livrer l'Italie à l'Autriche. "On sait," disait-il, "qu'avant le testament de Charles II, qui donna toute la monarchie Espagnole au petit-fils de Louis XIV, des Traités de partage de cette succession toujours près de s'ouvrir, avaient été faits entre la France, l'Angleterre, et la Hollande."

Nous n'avons pas à nous occuper, aujourd'hui, de ce que contenait le premier de ces Traités de partage; mais voici ce qui était contenu dans le second, à la date du 17 Mars, 1700. L'Archiduc Charles d'Autriche, plus tard l'Empereur Charles VI, était appelé à recueillir l'héritage de la monarchie Espagnole, sauf l'Italie méridionale, qui était donnée au Dauphin. Quant au Duché du Milanais, on ne voulait le donner ni au Dauphin ni à l'Archiduc; il était attribué, soit au Duc de Lorraine, qui devait alors céder la Lorraine à la France, soit au Duc de Savoie, qui devait alors céder à la France la Savoie et le Comté de Nice.

La même attraction qui pousse à travers l'histoire le Milanais dans les bras du Piémont pousse la Savoie et le Comté de Nice dans les bras de la France. A ce point de vue, l'on peut dire que si la cession de la Lombardie au Piémont est un agrandissement, ce n'est point, à proprement parler, une conquête. L'événement était depuis longtemps prévu et désiré, et les Délégués de la Municipalité Milanaise, qui vinrent offrir les clés de la ville de Milan au Roi Victor Emmanuel dans le camp de l'Empereur Napoléon III, n'obéissaient point à la pression de la victoire, mais à des sentiments de vieille date, à des sympathies consacrées par plusieurs siècles.

De même, lorsqu'en 1792, Montesquieu fut chargé d'envahir la Savoie, il n'entra pas en vainqueur, mais en ami; et M. Anselme Petetin, que nous aimons à citer le premier dans cette question, a dit avec vérité :-"L'entrée de Montesquieu en Savoie ne fut pas une invasion, ce fut une fête."

De même encore, dans la même année 1792, quand le Général d'Anselme fut chargé par la Convention de faire la conquête de Nice, la place, quoique garnie d'une formidable artillerie, se rendit sur une simple sommation; et le Corps Municipal de Nice se porta

au quartier du Général d'Anselme, pour le supplier de venir occuper la ville, afin d'y protéger l'ordre.

C'est que le Comté de Nice était depuis longtemps Français, comme la Savoie. Il l'était si profondément, qu'il n'eut aucune peine à devenir un Département de la France, et que depuis la dernière séparation, depuis 1815, à chaque ébranlement politique, Nice a éprouvé une fausse joie en croyant qu'elle allait redevenir, à l'aide de Traités, ce qu'elle est réellement par le cœur et par toutes ses aspirations.

Ne suffit-il pas, d'ailleurs, de jeter les yeux sur la carte pour comprendre que Nice est un fragment détaché de notre territoire ? Ne suffit-il pas de jeter les yeux sur la carte pour comprendre que le jour cù la France aura la frontière des Alpes du côté de la Savoie, il lui faut, de par la logique, les Alpes maritimes? Des Traités faits en haine de la France ont pu en décider autrement, mais ils ont fait violence à la géographie, et la diplomatie, en 1815, se mit en opposition flagrante avec la nature. Une politique sage et clairvoyante rétablira l'état véritable des choses. On ne s'obstinera plus à séparer des territoires rattachés par tant de liens. Comme la Savoie, le Comté de Nice redeviendra Français, et cette grande nation qui s'appelle la France n'aura plus pour frontière un ruisseau qui s'appelle le Var.-PAULIN LIMAYRAC.

No. 19.-Lord J. Russell to Earl Cowley.

MY LORD,
Foreign Office, January 28, 1860.
I HAVE received and laid before the Queen your Lordship's
despatch of yesterday, respecting Savoy.

I have no difficulty in giving you instructions as to the language which you should hold with regard to the annexation of Savoy and the County of Nice to France.

You will recollect that on the occasion of announcing to Parliament the intelligence of the Preliminaries of Villafranca, I stated the satisfaction which I felt in assuring the House of Commons that no cession of Savoy to France was in contemplation, and that, had it been otherwise, great alarm would have been felt on the Rhine and throughout Germany.

Your Lordship had at this time received the solemn assurance from Count Walewski that the idea of the annexation of Savoy and Nice to France had, if once entertained, been abandoned.

I do not wish, at present, to do battle in argument upon the question. If ever entertained, it must be considered by all the Great Powers of Europe, and the grounds of such a proposal critically examined.

But I wish you to state to M. Thouvenel at once the view which

we take of this question in connection with the general interests of Europe, and the position of the Emperor of the French.

The Emperor cannot fail to have present to his mind the alarm and anxiety which prevailed in Europe during the past summer; the arming of Prussia and the German Powers: the hopes of revolution excited; the rumours of alliances, offensive and defensive, which agitated the public mind. The Emperor can well recall that period; for he stated how much of glory he was content to forego, how much of noble aspirations to disappoint, in order to give satisfaction and peace to Europe.

It is to be hoped and desired that the present tendency should be to soothe the troubled waves and restore calm to the agitated atmosphere.

But the question of the annexation of Savoy would be regarded not so much as composing past troubles as raising the elements for new storms. Natural frontiers-the Alps and the Rhine-the repetition of the history of long and bloody wars-the commencement of a new struggle between France and Europe: such are the ideas which would pass through men's minds at the announcement of such an acquisition.

Let the Emperor recall the noble words in which he gave forth at Milan a sentiment not less just than becoming the Sovereign of so great an Empire.

In addressing the Italians, His Imperial Majesty said, "Your enemies, who are mine, have endeavoured to diminish the universal sympathy for your cause which prevailed in Europe, by making it believed that I only made war from motives of personal ambition, or for the aggrandisement of the territory of France. If persons exist who do not understand the age in which they live, I am not of that number. In the enlightened state of public opinion, the moral influence that can be exercised contributes more to grandeur at the present time than barren conquests, and that moral influence I seek with pride by contributing to render free one of the fairest portions of Europe."

I choose rather to suppose that the Emperor will adhere consistently to this declaration than that he will run the risk of arousing jealousies and fears in Europe which he would find it difficult hereafter to appease.

Earl Cowley.

SIR,

I am, &c.

J. RUSSELL.

No. 20.-Lord J. Russell to Sir J. Hudson.

Foreign Office, January 31, 1860. I TRANSMIT to you herewith, for your information, a copy of a despatch from Her Majesty's Ambassador at Paris, relative to the reported intended cession of Savov to France.

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