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caractère que portait ce Régime lui-même. Promulgué durant l'absence et la captivité du Roi, il exigeait la Sanction Royale dès que Sa Majesté Catholique serait rendue à la liberté. Il ne pouvait done être et n'était réellement que provisoire et conditionnel, lors de la signature du Traité de Welyky-Louky. De-là aussi la nature provisoire et conditionnelle de la garantie accordée dans le temps par le Cabinet de St. Pétersbourg. Cette réserve n'avait pas besoin d'être exprimée d'une manière spéciale, car elle résultait implicitement de l'essence des objets auxquels la garantie elle-même était applicable. Et comment, en effet, stipuler une garantie perpétuelle, pour un acte qu'un tiers avait encore le droit de changer et de modifier à sa volonté ? Ce changement ne tarda point à s'accomplir, et le Roi, rentré dans ses Etats, abolit la Constitution des Cortès. Ni l'Espagne, ni la Russie n'invoquèrent alors la garantie du Traité de 1812; l'Espagne, parce qu'elle voyait son Monarque user d'un pouvoir dont le légitimité était incontestable; la Russie, parce qu'elle se serait attribué une autorité supérieure à celle du Roi, si elle avait voulu maintenir contre son gré, la Charte de Cadix. Depuis ce moment, l'Empereur a toujours regardé comme aussi nulles de droit que de fait, une reconnaissance et une garantie stipulées dans des conjonctures où elles étaient nécessaires, sans jamais pouvoir être indéfinitivement obligatoires.

D'ailleurs, supposé même que cette nullité n'existait pas, ou qu'elle fût moins évident, la Russie est trop franche, trop sincèrement amie de la Nation Espagnole, pour qu'un Traité quelconque puisse lui/ faire désirer la prolongation d'un régime qui a attiré sur ce Peuple si glorieux et si estimable, tous les maux de l'anarchie, tous les excès d'une révolution sanglante, et toutes les pertes que traînent à leur suite le crime joint à l'imprévoyance.

Dans une pareille situation, Sa Majesté ne peut reconnaître d'autre loi que celle du salut de l'Espagne, et c'est aussi la seule qu'elle soit décidée à suivre.

Tel est, M. le Comte, le langage que vous voudrez bien tenir, si dans les explications que vous allez avoir avec le Ministre Espagnol, ce dernier essaye de réclamer le bénéfice des Stipulations du Traité de Welyky-Louky, où s'il prétend faire à la Russie le reproche de manquer à ses engagemens. Recevez, &c.

Le Comte de Bulgari.

NESSELRODE.

(4:)-Le Prince de Metternich au Chargé d'Affaires d'Autriche, d

MONSIEUR,

Madrid.

Vérone, le 2 Décembre, 1822. La situation dans laquelle se trouve la Monarchie Espagnole à la suite des évènemens qui s'y sont passés depuis deux ans, était un objet de trop haute importance pour ne pas avoir sérieusement occupé les Cabinets réunis à Vérone. L'Empereur, notre Auguste Maître, a voulu

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que vous fussiez informé de sa manière d'envisager cette grave ques tion; et c'est pour cet effet que je vous adresse la présente Dépêche.

La révolution d'Espagne a été jugée pour nous dès son origine, Selon les décrets éternels de la Providence, le bien ne peut pas plus naître pour les Etats que pour les individus, de l'oubli des premiers devoirs imposés à l'homme dans l'ordre social; ce n'est pas par de coupables illusions, pervertissant l'opinion, égarant la conscience des peuples, que doit commencer l'amélioration de leur sort; et la révolte militaire ne peut jamais former la base d'un Gouvernement heureux et durable.

La révolution d'Espagne, considérée sous le seul rapport de ï'mfluence funeste qu'elle a exercée sur le Royaume, qui l'a subie, serait un évènement digne de toute l'attention et de tout l'intérêt des Souverains Etrangers, car la prospérité ou la ruine d'un des Pays les plus intéressans de l'Europe, ne saurait être à leurs yeux une alternative indifférente; les ennemis seuls de ce Pays, s'il pouvait en avoir, auraient le droit de regarder avec froideur les convulsions qui le déchirent, Cependant une juste répugnance à toucher aux affaires intérieurs d'us Etat indépendant, déterminerait peut être ces Souverains à ne pas se prononcer sur la situation de l'Espagne, si le mal opéré par sa révolution s'était concentré et pouvait se concentrer dans son intérieur. Mais tel n'est pas le cas : cette révolution, avant même d'être par. venue à sa maturité, a provoqué déjà de grands désastres dans d'autres Pays; c'est elle qui, par la contagion de ses principes et de ses exemples, et par les intrigues de ses principaux artisans, a créé les révolutions de Naples et de Piémont, c'est elle qui aurait embrásé l'Italie toute entière, menacé la France, compromis l'Allemagne, sans l'intervention des Puissances qui ont préservé l'Europe de ce nouvel incendie. Par-tout, les funestes moyens employés en Espagne pour préparer et exécuter la révolution, out servi de modèle à ceux qui se flattaient de lui ouvrir de nouvelles conquêtes. Partout la Constits. tion Espagnole est devenue le point de réunion, et le cri de guerre d'une Faction, conjuré contre la sûreté des Trônes et contre le repos des Peuples.

Le mouvement dangereux que la révolution d'Espagne avait inprimé à tout le midi de l'Europe, a mis l'Autriche dans la pénible necessité de recourir à des mesures peu d'accord avec la marche paci fique qu'elle aurait voulu invariablement poursuivre. Elle a vu une partie de ses Etats entourée de séditions, cernée par des complots incendiaires, à la veille même d'être attaquée par des conspirateurs don' les premiers essais se dirigeaient contre ses frontières. Ce n'est que par de grands efforts et de grands sacrifices que l'Autriche a pu tablir la tranquillité en Italie, et déjouer les projets dont le succès n'eut été riens moins qu'indifférente pour le sort de ses propres Provinces. Sa Majesté Impériale ne peut d'ailleurs que soutenir dans les questions

relatives à la révolution d'Espagne les mêmes principes qu'elle a toujours hautement manifestés. Dans l'absence même de tout danger direct pour les peuples confiés à ses soins, l'Empereur n'hésitera jamais à désavouer et à réprouver ce qu'il croit faux, pernicieux et condamnable dans l'intérêt général des sociétés humaines. Fidèle au système de conservation et de paix, pour le maintien duquel elle a contracté avec ses Augustes Alliés des engagemens inviolables, Sa Majesté ne cessera de regarder le désordre et les bouleversemens, quelque partie de l'Europe qui puisse en être la victime, comme un objet de vives sollicitudes pour tous les Gouvernemens, et chaque fois que l'Empereur pourra se faire entendre dans le tumulte de ces crises déplorables, il croira avoir rempli un devoir dont aucune considération ne saurait le dispenser. Il me serait difficile de croire, M. le Comte, que le jugement énoncé par Sa Majesté Impériale sur les évènemens qui se passent en Espagne, puisse être mal compris ou mal interprété dans ce Pays. Aucun objet d'intérêt particulier, aucun choc de prétentions réciproques, aucun sentiment de méfiance ou de jalousie ne saurait inspirer à notre Cabinet une pensée en opposition avec le bien-être de l'Espagne.

La maison d'Autriche n'a qu'à remonter à sa propre histoire pour y trouver les plus puissans motifs d'attachement, d'égard et de bienveillance, pour une Nation qui peut se rappeler avec un juste orgueil ces siècles de glorieuse mémoire où " le soleil n'avait pas de couchant pour elle"; pour une Nation qui, forte de ses institutions respectables, de ses vertus héréditaires, de ses sentimens religieux, de son amour pour ses Rois, s'est illustrée dans tous les tems par un patriotisme toujours loyal, toujours généreux, et bien souvent héroîque. A une époque peu éloignée de nous, cette Nation a encore étonné le Monde par le courage, le dévouement et la persévérance qu'elle a opposée à l'ambition usurpatrice, qui prétendait la priver de ses Monarques et de ses lois, et l'Antriche n'oubliera jamais combien la noble résistance du Peuple Espagnol lui a été utile dans un moment de grand danger pour ellemême.

Ce n'est donc pas sur l'Espagne, ni comme Nation, ni comme Puissance, que peut porter le langage sévère dicté à Sa Majesté Impériale par sa conscience et par la force de la vérité; il ne s'applique qu'à ceux qui ont ruiné et défiguré l'Espagne, et qui persistent à prolonger ses souffrances.

En se réunissant à Vérone à ses Angustes Alliés, Sa Majesté Impéraile a eu le bonheur de retrouver dans leurs conseils les mêmes dispositions bienveillantes et désintéressées qui ont constamment guidé les siens. Les paroles qui partiront pour Madrid constateront ce fait, et ne laisseront aucun doute sur l'empressement sincère des Puissances à servir la cause de l'Espagne, en lui démontrant la nécessité de changer de route. Il est certain que les einbarras qui l'accablent se sont accrus depuis peu dans une progression effrayante. Les mesures

les plus rigoureuses, les expédiens les plus hasardés ne peuvent plus faire marcher son administration. La guerre civile est allumée dans plusieurs de ses Provinces; ses rapports avec la plus grande partie de l'Europe sont dérangé ou suspendus; ses relations même avec la France ont pris un caractère si problématique, qu'il est permis de se livrer à des inquiétudes sérieuses sur les complications qui peuvent en résulter.

Un pareil état de choses ne justifierait-il pas les plus sinistres pressentimens ?

Tout Espagnol éclairé sur la véritable situation de sa Patrie, doit sentir, que pour briser les chaines qui pèsent aujourd'hui sur le Monarque et sur le Peuple, il faut que l'Espagne mette un terme à cet état de séparation du reste de l'Europe, dans lequel les dernièrs évènemens l'ont jetée. Il faut que des rapports de confiance et de franchise se rétablissent entre elle et les autres Gouvernemens; rapports qui, en garantissant d'un côté sa ferme intention de s'associer à la cause commune des Monarchies Européennes, puissent lui fournir de l'autre côté les moyens de faire valoir sa volonté réelle, et d'écarter tout ce qui peut la dénaturer ou la comprimer. Mais pour arriver à ce but, il faut avant tout que son Roi soit libre, non-seulement de cette liberté personnelle que tout individu peut réclamer sous le règne des lois, mais de celle dont un Souverain doit jouir pour remplir sa haute vocation. Le Roi d'Espagne sera libre du moment qu'il aura le pouvoir de faire cesser les malheurs de son Peuple, de ramener l'ordre et la paix dans son Royaume, de s'entourer d'hommes également dignes de sa confiance par leurs priacipes et par leurs lumières, de substituer enfin à un régime reconnu impraticable par ceux mêmes que l'égoïsme ou l'orgueil y tiennent encore attachés, un ordre de choses dans lequel les droits du Monarque seraient heureusement combinés avec les vrais intérêts et les vœux légitimes de toutes les classes de la Nation. Lorsque ce moment sera venu, l'Espagne fatiguée de sa longue tourmente, pourra se flatter de rentrer en pleine possession des avantages que le ciel lui a départis, et que le noble caractère de ses habitans lui assure; elle verra renaître les liens qui l'unissaient à toutes les Puissances Européennes; et Sa Majesté Impériale se félicitera de n'avoir plus à lui offrir, que les vœux qu'elle forme pour sa prospérité et tous les bons services qu'elle sera en état de rendre à un ancien amie et allié.

Vous ferez de la présente Dépêche, Monsieur le Comte, l'usage le plus approprié aux circonstances dans lesquelles vous vous trouverez en la recevant. Vous êtes autorisé à en faire lecture au Ministre des Affaires Etrangères, ainsi qu'à lui en donner copie, s'il le demande. Le Comte Brunetti. METTERNICH.

CIRCULAR to the Ministers of Austria, Prussia, and Russia, at Foreign Courts, relative to the Affairs of Spain. Verona, 14th December, 1822.

CIRCULAIRE.

MONSIEUR,

Vérone, le 14 Décembre, 1822. Vous avez été instruit par les Pièces qui vous furent adressées au moment de la clôture des Conférences de Laybach, au mois de Mai 1821, que la réunion des Monarques Alliés et de leurs Cabinets se renouvellerait dans le courant de l'Année 1822, et que l'on y prendrait en considération le terme à fixer aux mesures qui, sur les propositions des Cours de Naples et de Turin, et de l'aveu de toutes les Cours d'Italie, avaient été jugés nécessaires pour raffermir la tranquillité de la Péninsule, après les funestes événemens des Années 1820 et 1821.

Cette réunion vient d'avoir lieu, et nous allons vous en faire connaître les principaux résultats.

D'après la Convention signée à Novare, le 24 Juillet 1821, l'occupation d'une ligne Militaire dans le Piémont par un Corps de troupes auxiliaires, avait été éventuellement fixée à une année de durée, sauf à examiner, lors de la reunion de 1822, si la situation du Pays permettrait de la faire cesser ou rendrait nécessaire de la prolonger.

Les Plénipotentiaires des Cours signataires de la Convention de Novare, se sont livrés à cet examen, conjointement avec le Plénipotentiaire de Sa Majesté le Roi de Sardaigne, et il a été reconnu que l'assistance d'une Force Alliée n'était plus nécessaire pour le maintien de la tranquillité du Piémont. Sa Majesté le Roi de Sardaigne ayant indiqué elle-même le terme qu'elle jugeait convenable de fixer pour la retraite successive des troupes auxiliaires, les Souverains Alliés ont accédé à ses propositions, et il a ete arrêté par une nouvelle Convention, que la sortie de ces troupes du Piémont, commenceraît dès le 31 Décembre, de l'Année présente, et serait définitivement terminée par la remise de la forteresse d'Alexandrie au 30 Septembre, 1823.

D'un autre côté, Sa Majesté le Roi des Deux-Siciles a fait déclarer aux trois Cours qui avaient eu part à la Convention signée à Naples le 18 Octobre, que l'état actuel de son Pays lui permettait de proposer une diminution dans le nombre des troupes auxiliaires stationnées dans différentes parties du Royaume. Les Souverains Alliés n'ont pas hésité à se prêter à cette proposition, et l'armée d'occupation du Royaume des Deux Siciles sera dans le plus court délai diminuée de 17,000 hommes.

L

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Ainsi s'est réalisée, autant que les évènemens ont repondu aux vœux des Monarques, la Déclaration fait au moment de la clôture du Congrès de Laybach: "Que loin de vouloir prolonger au-delà des limites d'une stricte nécessité, leur intervention dans les affaires d'Italie,

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