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No. 13.-The Vicomte de Chateaubriand to Mr. Secretary Canning. (Received January 27.)

Paris, le 23 Janvier, 1823.

LE Soussigné, Ministre des Affaires Etrangères de Sa Majesté Très Chrétienne, a mis sous les yeux du Roi, la Note en date du 10 de ce mois, que son Excellence Monsieur le Principal Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères de Sa Majesté Britannique, avait adressée à M. le Vicomte de Marcellus. Il a reçu l'ordre de faire à son Excellence la Communication suivante :

Le Cabinet de Sa Majesté Britannique tomberait dans une grave erreur, s'il pensait que La France a présenté au Congrès de Vérone, la Question d'Espagne, comme ayant pour Elle un intérêt entièrement séparé de celui des Puissances Alliés; que dès-lors Elle ́se trouve en contradiction, quand, dans Sa réponse à la proposition de Médiation faite par l'Angleterre, Elle établit que cette Question est "toute Européenne."

La France, depuis les transactions d'Aix la Chapelle, est étroitement unie aux Cours, qui, par leurs efforts, ont rétablit la paix sur le Continent. Pénétrée de la sainteté des Traités, Elle accomplira les devoirs qu'ils Lui imposent. Un de ces devoirs de La France, était de faire connaître à Ses Alliés les motifs qui l'avaient forcée à établir une Armée d'Observation sur une de ses Frontières; et de leur expliquer ses inquiétudes, sur un avenir dont il était aisé de calculer les chances. Dans la position où les troubles de l'Espagne l'avaient placée, la plus simple prévoyance l'obligeait de s'enquérir du parti que prendraient les Puissances au cas que la guerre devint inévitable. Cette marche, qu'indiquaient le bon sens et la raison, dut être suivie nécessairement par le Duc Matthieu de Montmorency à Vérone. Les Souverains pensèrent (et le Gouvernement François partagea leur opinion) qu'il y avait péril imminent pour la société dans cette Anarchie Militaire de l'Espagne, où se trouvaient reproduit ces Principes, qui, pendant trentes Années, ont fait les malheurs de l'Europe. De ces Conférences générales, sortirent naturellement des Questions particulières; et l'on spécialisa des Cas qui étaient d'abord enveloppés dans les intérêts communs.

Le résultat de ces communications loyales fut, que La France se trouva en mesure d'agir séparément dans une Cause qui lui était comme appropriée, sans toutefois isoler sa politique de celle de Ses Alliés; de sorte que, selon la manière dont on était frappé, on a pu dire, sans contradiction, que la Question de l'Espagne était à la fois "toute Française et toute Européenne."

Le Soussigné, se flattant d'avoir suffisamment répondu à la première objection du Ministre Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères de Sa Majesté Britannique, passe à l'examen d'un autre point.

Le Cabinet des Tuileries n'a point oublié, que le principal motif

allégué par sa Grace le Duc de Wellington à Vérone, pour ne point s'expliquer sur le casus fœderis, était l'ignorance où se trouvait son Gouvernement des transactions qui avaient eu lieu entre La France et L'Espagne, depuis 1820 jusqu'en 1822. Cette objection fût écartée au Congrès, comme elle le sera ici, par la seule observation, que les griefs dont La France pouvait avoir à se plaindre, au sujet de la Révolution d'Espagne, étaient malheureusement de notoriété publique; et c'est ce que le Soussigné aura occasion de développer dans la suite de cette Note.

Le Ministre des Affaires Etrangères de Sa Majesté Britannique, répondant à une observation contenue dans la Note de M. le Duc de Montmorency, en date du 24 Décembre, annonce que le Cabinet de St. James n'a jamais reconnu un Cas d'intervention dans les affaires de l'Espagne ; et qu'ainsi il a pu refuser de se lier pour l'avenir, en emettant une opinion sur des événemens conditionnels et incertains. Le Soussigné croit cependant avoir des motifs de ne pas douter, que, dans un Mémoire rédigé par le Cabinet de Londres, en réponse à une Dépêche de la Cour de Russie, et communiqué le 17 Mai, 1820, par Sir Charles Stuart, au Ministre des Affaires Etrangères de France, se trouvait énoncé l'opinion qu'on aurait le droit de se mêler des Affaires d'Espagne; 1° Si l'exaltation de ceux qui dirigent les affaires, les portait à une aggression contre une autre Puissance. 2° Si l'Espagne cherchoit à s'emparer du Portugal, ou à opérer une réunion des deux Etats. Cette opinion du Cabinet Britannique parut alors aussi conforme aux intérêts généraux de l'Europe, qu'à des intérêts particuliers, dont il est permis à tout Gouvernement de ne pas abandonner le soin.

Le Soussigné regrette de ne pouvoir partager l'opinion du Principal Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères de Sa Majesté Britannique, sur le peu de danger dont la Révolution d'Espagne est pour les divers Pays de l'Europe. L'état de la civilisation moderne, mêt un Peuple en communication avec tous les autres Peuples, quelque soit d'ailleurs son isolement géographique. La France surtout, seul Pays dont la Frontière touche à celle de l'Espagne, souffre considérablement des troubles qui agitent le Royaume de Ferdinand. Une Révolution qui semble avoir pris pour modèle celle dont les traces ne sont point encore effacées, réveille et remue, dans le sein de La France, une foule de passions et de souvenirs. On a les preuves les plus multipliées, que les Révolutionnaires de L'Espagne et ceux de La France sont en rélations intimes. Dans toutes les Conspirations militaires, jugées par les Tribunaux Français, on a constamment retrouvé le nom et l'espérance des Cortès. Les coupables, échappés à la justice, ont trouvé un asyle dans la Péninsule, où ils menacent et insultent avec impunité la Monarchie et le Trône des Bourbons. Des libelles écrits en Français et imprimés en Espagne, sont jettés dans l'Armée d'Observation pour la corrompre; et jusques dans les Journaux Anglais, le Gouvernement Britannique a pû voir que l'on provoquait, au nom

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de L'Espagne, nos Soldats à la révolte. Ces faits ont été implicitement reconnus par sa Grace le Duc de Wellington, lorsque, dans ses Notes Diplomatiques, il a donné son approbation à l'établissement de l'Armée d'Observation. La Note même, à laquelle le Soussigné a l'honneur de répondre en ce moment, confirme tout ce qu'il avance ici, en rapportant ces expressions du Noble Duc: "Le Duc de Wellington n'a point établi d'objection, au nom du Roi son Maitre, contre les Mesures de précaution prises par La France sur ses propres Frontières, lorsque ces Mesures étaient évidemment autorisées par le droit de sa propre défense, non seulement contre les dangers sanitaires, mais contre la contagion morale des intrigues politiques; enfin contre la violation du Territoire Français par des excursions militaires fortuites." Cet aveu est remarquable: et d'ailleurs le Piémont, le Royaume des Deux Siciles, ne se sont il pas soulevés au nom des Cortès ? Et faudrait-il d'autre preuve que la Révolution d'Espagne peut franchir les Pyrenées ?

Il est donc permis à La France de se défendre contre la contagion morale: il lui est également nécessaire de se mettre à l'abri des dangers d'une autre sorte, puisque le Territoire Français a été violé trois fois par les Troupes Constitutionnelles de L'Espagne. Que La France, inquiétée dans son Intérieur, et armée sur ses Frontières pour sa défense, ait un besoin impérieux de sortir d'une position si pénible pour Elle, c'est ce qu'on ne peut s'empêcher de reconnaître. Comme le Gouvernement Britannique, elle désire sincèrement la paix. Elle n'eut pas balancé, de concert avec Ses Alliés, à accepter la Médiation de l'Angleterre, s'il s'était agi de discuter des intérêts matériels; mais on ne peut établir une base de Négociation sur des théories politiques, et un arbitrage sur des principes.

Pour la même raison, La France n'a pu adopter la proposition que M. de San Miguel a faite, le 12me de ce mois, au Ministre de La Grande Bretagne près la Cour de Madrid, afin de l'engager à intervenir dans les Affaires du Gouvernement Français et du Gouvernement Espagnol :-intervention au moins inutile, puisqu'il paraît qu'elle n'aurait eu pour objet que des mesures rélatives à l'Armée d'Observation. Si le Cabinet de Madrid est de bon foi dans ses communications, a-t-il besoin d'intermédiaire pour les faire parvenir au Cabinet des Tuileries? Celui-ci ne craint pas de s'expliquer; dernièrement encore, il a fait connoître les Conditions raisonnables, au moyen desquelles on pourrait arriver à une prompte conciliation. Le Comte de La Garde a reçu l'ordre de faire part confidentiellement à Sir William à Court, des intentions bienveillantes du Roi. Sa Majesté Très Chrétienne démande que Sa Majesté Catholique puisse apporter, Elle-même et de Sa propre autorité, les modifications nécessaires aux Institutions qui ont été imposées par la révolte de quelques Soldats, à la Couronne d'Espagne. A cette concession libre des Institutions rectifiées par le

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Roi Ferdinand, le Roi de France pense qu'il serait bon d'ajouter une Amnestie pleine et entière, pour tout acte politique fait depuis 1822, jusqu'au jour de promulgation de la Concession Royale. Ainsi disparaîtrait de la Constitution Espagnole, le vice de fond et de forme, qui met en péril: toutes les Monarchies Légitimes. Le Soussigné ose croire que des Propositions si justes et si modérées obtiendront l'assentiment de tous les Cabinets de l'Europe.

Le Gouvernement Français ayant fait, au désir d'éviter la guerre, tous les genres de sacrifice; ayant peut-être trop longtems lutté contre l'opinion publique, soulevée par les provocations de l'Espagne,-le Gouvernement Français est arrivé à cette dernière limite de concession, qu'aucun Pouvoir qui se respecte, ne peut impunément dépasser. Blessée dans ses intérêts essentiels, La France ne peut plus fermer les yeux sur les dangers qui La menacent, sans cesser de faire les vœux les plus ardents pour la paix. Elle a déjà pris, et continuera de prendre, les mesures propre à mettre fin à un état d'incertitude qui compromêt à la fois, Sa sûreté, Son honneur, et Sa dignité. Quelque soit l'évènement, La France aimera toujours à compter sur les Bons Offices dont le Gouvernement Anglais veut bien lui renouveller la proposition. Elle mettra Elle-même tous ses soins à resserrer les liens qui unissent si heureusement les deux Monarchies et les deux Peuples. Son Excellence M. Canning. CHATEAUBRIAND.

SIR,

No. 14. Mr. Secretary Canning to Sir Charles Stuart.

Foreign Office, January 28, 1823. SHORTLY after I had dispatched the Messenger yesterday, M. de Marcellus delivered to me the Official Answer of M. de Chateaubriand to the Note addressed by me to M. de Marcellus on the 10th instant.

As it appears from your Excellency's Despatch of the 24th, which also reached me yesterday, that M. de Chateaubriand, though he stated to your Excellency the [substance of this Note, had not furnished you with a Copy of it, I think it right to inclose a Copy for your information.

Upon a first consideration, I am by no means sure that it will be necessary to reply Officially to this Note of M. de Chateaubriand; since it, in effect, admits all the material propositions of the Note to which it is an answer.

The Questions brought forward by France at Verona are acknowledged to have been French Questions, in the sense in which they are in my Note described to have been such; that is to say, the interest of France is stated in those Questions, not as distinct from the interest of Europe, but as more immediate:-and it is not denied that the refusal of His Majesty's Plenipotentiary to concur in the decisions of Verona, was founded on the omission by France to substantiate any specifick ground of complaint against the Spanish Government.

In the subsequent part of M. de Chateaubriand's Note, while the assertion of my Note of the 10th instant,-that Great Britain had in 1820 declined anticipating hypothetical Cases in which it might be impossible to remain at peace with Spain, is disputed; the only two Cases which are cited in exception to that assertion, are Cases wholly independent of the principle of interference in the internal Concerns of other Nations.

It is averred, that we admitted the necessity of War against Spain; first, if Spain herself should be guilty of aggression against other States, and secondly and specifically, if she should attempt to possess Herself of Portugal.

Unquestionably, with respect to either of those Cases, Great Britain would admit, not only prospectively and hypothetically, and as to Spain, but positively and directly as to any Power whatever, that aggression against any of its neighbours would justify War; and that aggression against Portugal would impose upon Great Britain the duty of protecting Her Ally.

But these admissions leave the Question as to the right of interference in the affairs of Spain, where it was.

With respect to that part of M. de Chateaubriand's Note which describes the nature of the Demands intended to be made by France upon Spain, and takes credit for the moderation of them; your Excellency will not fail to observe, that our difference with France and the Allies throughout, is not as to the Arrangements which it might be desirable to obtain from Spain, but as to the principle upon which France and the Allies propose to require them.

We disclaim for Ourselves, and deny for other Powers, the right of requiring any Changes in the internal Institutions of Independent States, with the menace of hostile attack in case of refusal. The moderation of such demands in no degree justifies in our eyes such a mode of enforcing them; and this distinction it is the more important to keep steadily in view, and to impress upon the French Government at a moment when, for their sake and at their desire, we are suggesting to Spain, in a tone of friendly counsel, alterations similar to those which France is proposing as the alternative of hostilities.

Your Excellency will speak in this sense to M. de Chateaubriand, when you acknowledge ou my part the receipt of his Official Note; from the general tone of which, and from the friendliness of its expressions towards this Country, you will inform M. de Chateaubriand that His Majesty's Government derives the liveliest satisfaction; at the same time that It views with deep regret the tendency of that part of the Note which appears to indicate an expectation of hostilities with Spain. I am, &c.

H.E. The Rt. Hon. Sir Charles Stuart.

GEORGE CANNING.

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