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1806

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La depêche adressée le 25. Janvier au Ministre de Prusse et destinée à justifier cette mesure fut signée de la propre main du Roi de Prusse. Elle finit par ces paroles: "Je crois ne pas avoir besoin d'observer com,, bien les contrées dont il s'agit devront être satisfaites de ce changement de scène et mes voeux seraient rem,, plis, si d'après les vues désinteressées qui m'animent, ,, l'Administration dont j'ai dû me charger tourne au ,, bien-être du pays et de ses habitans et par là même ,,à la satisfaction de Sa Majesté Britannique, à la ,, quelle je ne demande pas mieux que de donner à cet égard comme à tout autre toutes les preuves de considération, de déférence et d'amitié dont les cir,, constances me laisseront le maître."

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L'expérience du passé et un juste pressentiment de l'avenir ne m'avait pas laissé balancer sur le parti qu'il convenait de prendre et mon Ministère électoral fut instruit de ne se prêter à aucune négociation qui pourrait avoir pour objet d'éviter une nouvelle Invasion Française en admettant une Occupation Prussienne.

La protestation faite dans ce sens par mon Ministre d'Etat Electoral resta sans effet. Le Roi de Prusse fit occuper la majeure partie du pays au moment que mes troupes se rembarquèrent et ses mesures furent exécutées sans ménagement.

Il n'était que trop aisé de prévoir que le Comte de Haugwitz trouverait moyen à Paris de ramener à sa première teneur l'arrangement entre la Prusse et la France, annoncé ici comme ratifié par les deux parties con

tractantes.

C'est ce qui arriva et les troupes françaises prirent possession d'Anspach, l'un des objets de compensation d'après le traité du 15. Déc., le même jour que le Marquis de Lucchesini put arriver en courrier à Berlin pour annoncer que la France voulait l'exécution des articles arrêtés à Vienne.

La réponse faite par le Cabinet Britannique à la Commission du 25. Janvier n'arriva à Berlin qu'après que le Ministre d'Etat Baron de Hardenberg eut annoncé à l'Envoyé Britannique les mesures hostiles qui m'ont engagé à suspendre mes relations avec une cour qui a pu s'oublier à un tel point.

La note prussienne du 4. Avril n'a pu fournir de bons argumens pour colorer un procédé injustifiable.

Elle commence par vanter les dispositions pacifiques 1806 de la Prusse. Cette disposition n'est sincère que lorsqu'elle a pour base des principes d'une juste neutralité. La note remise par le Cabinet de Berlin au Ministre de France le 14. Octobre, au moment où la Prusse paraissait sentir l'affront qu'elle venait d'essuyer par la violation du territoire d'Anspach, avoue que sa marche, suivie jusqu'alors a été à l'avantage de la France.

Ses actions portaient bien moins le caractère de l'impartialité. Après avoir permis aux troupes françaises qui envahirent l'Electorat d'Hanovre le passage par le territoire prussien, elle se déclara prête à s'opposer l'épée à la main à celui qu'avait demandé l'Empéreur de Russie pour ses armées.

La France força elle même le passage, elle fit semblant de vouloir excuser cette démarche, mais ce fut d'une manière également offensante.

Elle avait trop bien prévu où finirait le ressentiment de la Prusse, qui en effet paraissait assoupie lorsque Sa Majesté Impériale de Russie se mit en rapport personnel avec le Roi.

La Prusse alors demanda des subsides à la GrandeBretagne qui lui furent promis, et elle signa la convention de Potsdam, dont sans doute elle aurait été plus disposée à remplir les conditions, si J'avais pu oublier mes devoirs au point de consentir á la proposition de lui céder l'Electorat d'Hanovre en échange de quelque Province Prussienne.

La Prusse assure que depuis les évènemens de la guerre elle n'a plus eu le choix des moyens d'assurer la sûreté de sa monarchie et des Etats du Nord; elle veut faire sentir qu'elle a été forcée à s'agrandir et à devenir l'instrument plus que l'objet de la vengeance de Mes ennemis.

Ce n'est pas là un aveu qui convienne à une grande puissance. Toute l'Europe sait, qu'il aurait dépendu de la Prusse, avant la bataille d'Austerlitz, de rendre le repos à l'Europe, si elle avait pris le parti que ses véritables interêts et l'honneur outragé de Sa monarchie lui dictaient. Sa conduite cesse d'être excusable, après avoir manqué une telle occasion, et même depuis l'évènement du 2. Decembre. Ne commandait-elle pas une armée de 250 mille hommes qui se souvient encore de ses victoires sous le grand Fréderic, qui était dans les

1806 meilleures dispositions et soutenue par toute l'armée russe, dont deux corps se trouvaient encore sous les ordres du Roi de Prusse.

Elle aurait sans doute couru quelques risques; mais elle se trouvait dans le cas où il faut s'exposer à tous les dangers, pour sauver l'honneur de l'Etat. Le Prince qui hésite sur le choix détruit le principe qui sert de base à une monarchie militaire, et la Prusse doit déjà commencer à sentir le sacrifice de son indépendance.

La Note du 4. Avril assure "que la France avait con,,sidéré l'Electorat comme sa conquête, que ses troupes ,, avaient été sur le point d'y rentrer, pour en disposer definitivement."

L'Electorat d'Hanovre comme partie intégrante de l'Empire Germanique, est étranger à la guerre entre la Grande-Bretagne et la France, il a été injustement envahi par cette puissance, qui cependant a souvent indiqué l'objet, pour lequel elle serait disposée à le rendre.

La France fut forcée ensuite d'abandonner le pays, et quarante mille hommes de Mes troupes et de celles de Mes Alliés, se trouvaient établies lorsque le Comte de Haugwitz signa le traité qui dispose de Mes Etats. Il est vrai que le corps russe se trouvait alors à la disposition de S. M. Prussienne, mais son chef, en vrai homme d'honneur, n'en était pas moins décidé à se battre si les Alliés de son Maître eussent été attaqués. On ne parlera pas de la garnison française restée à Hameln, insuffisante en nombre, dépourvue de moyens de défense et prête à être assiégée lorsque les promesses de la Prusse firent abandonner ce plan.

L'intention de la France de vouloir disposer définitivement de l'Electorat eut été contraire à ses assertions tant de fois répetées: elle l'eut été d'avantage aux usages de la guerre, puisqu'on ne dispose pas définitivement, même d'une conquête, avant la paix, surtout au moment où on veut montrer des dispositions pacifiques.

Il n'appartient pas à la Prusse de juger si la GrandeBretagne avait des moyens de porter obstacle à la rentrée de Mes ennemis dans l'Electorat. Sa puissance lui fournit des moyens pour conduire la guerre à une fin honorable pour les interêts qu'elle défend; mais il est difficile de concevoir en quel sens la Prusse prétend que ses mesures éloignent les troupes étrangères de l'Electorat et assurent le repos du Nord.

Ses troupes, après la conduite perfide de son Cabinet, 1806 resteront tout aussi étrangères à l'Electorat que les troupes françaises.

La Prusse ne devrait pas parler de ses sacrifices au moment où elle ne cherche qu'à s'agrandir, à moins qu'elle ne sente celui de son indépendance, et combien elle manque à ses devoirs en abandonnant la plus ancienne possession de sa maison et des sujets qui imploraient en vain son secours. D'ailleurs ces sacrifices sont étrangers à Ma conduite politique et ne lui donnent aucun droit pour usurper le gouvernement de Mes sujets allemands, dont rien n'a jnsqu'ici ébranlé la fidélité, qu'ils conserveront pour Ma personne et pour une famille de Princes qui depuis tant de siècles n'a voulu que leur bonheur.

Il est évident que la conduite présente de la cour de Berlin n'est pas le résultat libre des voeux de son Souverain, mais la suite de l'influence que mes ennemis exercent dans le cabinet de ce Prince. Cependant toutes les cours et tous les Etats qui sauront juger les circonstances et tout ce qu'elles doivent au système suivi par la cour de Berlin, conviendront que l'acte commis contre un Souverain uni avec Sa Majesté Prussienne par les liens du sang et jusqu'alors par ceux de l'amitié, compromet bien plus la sûreté de l'Europe que tout acte d'hostilité de la part d'une Puissance avec laquelle on se trouve en guerre ouverte.

Persuadé de la justice de Ma cause, j'en appelle à toutes les Puissances de l'Europe intéressées à ne point voir se consolider un système qui, en menaçant l'existence politique d'une partie intégrante de l'Empire d'Allemagne, compromet la sûreté de tous. Je reclame plus particulièrement l'assistance constitutionelle qui M'est due comme Electeur, par l'Empire, par son auguste Chef, et par les Puissances garantes de sa constitution, la Russie et la Suède, qui déjà ont manifesté, et montrent encore les dispositions les plus honorables pour la conservation de Mes Etats.

Finalement je proteste de la manière la plus solemnelle pour Moi et Mes héritiers contre toute atteinte portée à Mes droits sur l'Electorat de Brunswic- Lunebourg et ses dépendances, et je repète en Ma qualité d'Electeur la déclaration faite par le Ministre de ma couronne à la cour de Berlin, qu'aucun avantage d'ar

1806 rangemens politiques, bien moins encore un offre quelconque d'indemnité ou d'équivalent ne m'engageront jamais d'oublier ce que je dois à ma dignité, à l'attachement et à la fidélité exemplaire de mes sujets hanovériens, au point de consentir à l'aliénation de mon Electorat. Donné au Palais de Windsor ce 20me jour d'Avril 1806, de mon Regne le 46me.

(L. S.)

GEORGE R.

E. COMTE DE MÜNSTER.

2.

Déclaration de la Grande-Bretagne contre la Déclaration du cabinet de St. Petersbourg faite en vertu d'engagemens secrets lui imposés dans le traité de la paix de Tilsit. En date du 18. Décembre 1807.

La déclaration faite à St. Petersbourg par Sa Majesté l'Empereur de Toutes les Russies, a excité dans l'esprit de Sa Majesté Britannique les plus vives sensations d'étonnement et de regret.

Sa Majesté n'ignorait pas la nature des engagements secrets imposés à la Russie dans les conférences de Tilsit. Mais Sa Majesté a conservé l'espérance qu'une revue des transactions de cette malheureuse négociation, et un juste calcul de ses effets sur la gloire ainsi que sur les interêts de l'Empire Russe aurait porté Sa Majesté Impériale à se soustraire aux embarras de ces nouveaux conseils et de ces liaisons qu'Elle avait adoptés dans un moment de découragement et d'alarme, et à revenir vers une politique plus analogue aux principes dont Elle avait constamment fait profession, et plus conforme à l'honneur de sa couronne et à la prospérité de son Empire.

Cette espérance a dicté à Sa Majesté une retenue et une modération extrème dans toutes ses relations diplomatiques avec la cour de Saint Petersbourg depuis la paix de Tilsit.

Sa Majesté ne manquait ni de sujet de soupçon ni de fondement à de justes plaintes, mais Elle s'est interdit

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