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Vous

conduisent dans une guerre sanglante contre nous. avez juré, ainsi que nous, de maintenir fidèlement et constamment l'alliance des confédérés et d'y sacrifier, s'il est nécessaire, votre vie et vos propriétés.

Mais vos autorités déchirent l'alliance, font la guerre aux confédérés, aux fondateurs de la confédération. Vous devez verser votre sang pour exécuter leur décret rendu contre la confédération; vous devez sacrifier vos biens pour ravir ceux de vos fidèles confédérés. Vous avez prêté avec nous le serment sacré de contribuer à la prospérité de notre patrie commune, et de détourner d'elle tout malheur; cependant vos autorités entrainent notre patrie dans la guerre civile, non pour favoriser sa prosperité, mais pour exécuter leur décret envers des confédérés- Il precipétent la confédération, qui fait l'admiration de toutes les nations, dans l'abime où elle doit trouver sa perte, et, au lieu de veiller à la prospérité de chaque Etat en particulier, ils veulent anéantir la liberté et la souveraineté des sept cantons.

Vous nous avez juré de vivre avec nous comme frères dans la bonne et dans la mauvaise fortune. N'avonsnous pas toujours tenu notre serment? ne nous sommesnous pas toujours réjouis de ce qui vous arrivait d'heureux? n'avons-nous pas partagé vos malheurs? avons-nous jamais apporté quelque entrave à votre indépendance et à vos droits? Mais vos autorités, en pleine paix, ont détruit nos institutions catholiques, et c'est de votre territoire que sont parties les attaques des corps francs contre un de nos cocantons, qu'ils ont plongé dans la détresse. Vos autorités ont soutenu ces bandes et veulent maintenant mettre le comble, par la guerre civile, aux attentats commis par elles. Vous avez juré, ainsi que nous, de faire ce que le devoir et l'honneur imposent à de fidèles confédéres. Nommez-nous un devoir que nous n'ayons pas rempli envers vous? Mais vos autorités mettent leurs sommations en lieu et place des devoirs qui leur sont imposés; elles appuient des traitres, des assassins; elles n'accordent aucune protection à nos concitoyens innocents, détruisent notre commerce, enlèvent nos biens, investissent nos frontières, et nous déclarent la guerre en votre nom.

Vous nous avez prété serment solennellement, au nom du Dieu tout-puissant, en ajoutant: „,et, qu'ainsi il

nous soit en aide!" Songez-y!...la confédération a existé pendant 550 ans avec l'aide de Dieu! ce Dieu tout-puissant, dans sa sainte Trinité, protége le droit et punit le parjure. Forts de notre droit, nous opposons la résistance et vous nous attaquez dans la conscience de votre tort. Au * milieu de notre affliction, nous posons en Dieu toute notre confiance et nous nous soumettons à sa volonté !

VIII.

Dépêche de M. Guizot aux représentans de la France près les cours de Londres, Vienne, St. Petersbourg et Berlin, en date de Paris, le 4 Novembre 1847.

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La guerre civile éclate en Suisse. La confédération helvétique est menacée d'une dissolution violente. Les grandes puissances ne sauraient rester indifférentes aux progrès d'une crise qui blesse profondémens tous les sentimens d'humanité et met en péril le pacte fédéral, l'existence même de la confédération et les garanties que sa constitution actuelle offre à l'Europe. Le gouvernement du Roi en est depuis longtemps gravement préoccupé. Quelque sombres que fussent sés prévisions, tant que les bases assentielles et l'unité de la confédération ont subsisté, il a voulu espérer que les conseils et l'influence morale des puissances amies suffiraient pour prévenir la guerre civile. Son attente a été déçue. Tout conseil ami, toute influence morale ont échoué. La Suisse vient d'entrer dans une phase 'nouvelle et déplorable. La confédération se disloque effectivement. Douze cantons et deux demi-cantons sont d'un côté: sept de l'autre: deux et peut-être trois cantons veulent rester neutres. Où est la confédération? A He qui l'Europe se fera-t-elle représenter ? avec qui a-t-elle ? Les puissances européennes se trouvent naturellement et prèsque obligatoirement poussées dans le rôle de médiateurs. Les états du Sonderbund ont ouvert eux-mêmes cette voie. Vous savez, Monsieur, qu'ils ont offert de se soumettre, pour les questions religieuses, les jésuites et les couvens d'Argovie, à l'arbitrage du Pape. Les cinq grandes puissances pourraient prendre cette offre pour point de départ dans la voie de la conciliation: elles pour

raient, d'un commun accord, et par une déclaration collective:

1. Approuver et appuyer l'idée de l'arbitrage du Pape dans les questions religieuses;

2. Offrir aux Etats de la Confédération leur propre médiation pour les questions politiques.

Les cinq puissances établiraient sur un point voisin du théâtre des événemens, à Badè, par exemple, un centre de réunion et de délibération en commun sur les affaires de la Suisse. Les vingt-deux cantons seraient invités à envoyer des délégués à cette conférence, dans laquelle on examinerait de concert: 1. les moyens de conciliation dans la crise actuelle; 2. les modifications à apporter dans l'organisation de la Confédération pour que cette crise ne puisse pas recommencer.

En même temps que nous ferions cette offre à la Suisse, nous inviterions formellement les parties belligérantes à cesser la guerre civile, en leur faisant entendre que si elles refusaient notre proposition et persistaient dans la guerre, nous sonsidérerions la Confédération comme n'existant plus, nos engagemens envers elle comme déliés, et que nous aviserions. Faudrait-il attendre, pour faire cette démarche, que la guerre civile eût fait longtemps sentir à la Suisse ses cruelles douleurs, et que telle ou telle partie de la Confédération réclamât ellemème la médiation européenne? Je suis porté à penser qu'il y aurait dans cette attente moins d'autorité que dans une démarche prompte des cinq puissances. Peutêtre aussi la demande de la mediation par une portion spéciale et isolée de la Confédération enlèverait-elle à cette médiation quelque chose de son caractère d'impar tialité. Le gouvernement du Roi est très opposé à toute ingèrence spontanée dans les affaires des autres peuples, il croit cependant que, dans les circonstances présentes, et après tant de représentations vaines pour préserver la Suisse des maux où elle se précipite, la démarche qu'il propose, faite spontanément et unanimement par les grandes puissances européennes, serait plus digne et plus efficace.

Je vous invite Monsieur, à communiquer sans retard au gouvernement de....... cette depêche, que j'adresse en même temps aux cabinets de....... J'ai la ferme confiance que les uns et les autres partageront les sentimens qui l'ont inspirée et uniront avec empressement leur efforts

aux nôtres

pour faire cesser une lutte que condamnent à la fois l'humanité, la civilisation et les intérêts de la politique européenne.

IX.

Projet de Note indentique à adresser par les cinq cours à la Suisse, envoyé le 7 et le 8 novembre M. Guizot aux représentans de la par France près les cours de Londres, Vienne, Berlin, Saint-Pétersbourg.

Le soussigné etc. etc., a reçu de son gouvernement l'ordre de faire à M..... la communication suivante:

Tant qu'il a été possible d'espérer que les dissensions qui divisaient la Suisse s'arrêteraient devant la redoutable perspective de la guerre civile, et qu'une transaction équitable, émanant des parties elles-mêmes, viendrait rétablir l'harmonie fédérale entre les vingt-deux cantons, le gouvernement du Roi s'est abstenu de toute démarche qui pût avoir un caractère quelconque d'ingèrence dans les affaires de la Confédération. Il a évité avec soin tout ce qui eût pu, en excitant hors de saison des susceptibilités nationales qu'il a toujours à coeur de ménager, contrarier la réconciliation spontanée qu'il appelait de tous ses voeux, et il s'est borné à des conseils, à des avertissemens que lui commandaient à la fois et sa vieille amitié pour la Suisse et ses devoirs comme partie contractante aux traités qui ont constitué l'ordre européen, dont la Confédération est un des élémens essentiels.

Ces avertissemens, ces conseils ont échoué; toutes les tentatives conciliantes, d'origine exclusivement suisse, ont été également sans résultat; la guerre civile est déclarée; une partie de la Confédération a pris les armes contre l'autre; douze cantons et deux demi-cantons sont d'un côté, sept sont de l'autre; deux cantons ont déclaré leur volonté de rester neutres. La confédération, a vrai dire, n'existe plus que de nom. Dans cet état de choses, le gouvernement du Roi a compris que de nouveaux devoirs lui étaient imposés. Les puissances signataires des traités ne peuvent, en effet, demeurer indiffé

rentes à la destruction imminente d'une oeuvre aussi étroitement liée à leurs propres intérêts.

Ces puissances ne se sont pas bornées en 1815, à reconnaître la Confédération helvétique; elles ont encore activement travaillé et efficacement concouru à sa formation. Le projet de Pacte a été préparé à Zurich, de concert avec leurs envoyés; il a été achevé, à Vienne, de concert avec une commission du Congrès. La Diète a déclaré depuis, dans un document officiel, que, sans l'appui que l'Europe lui avait prêté, elle n'aurait jamais pu surmonter les obstacles qu'elle rencontrait dans la division des esprits et l'opposition des intérêts. Plusieurs cantons, et notamment ceux de Schwytz et d'Unterwalden, inquiets sur le maintien de leur souveraineté cantonale et sur la protection de leur foi religieuse, se refusaient à entrer dans la Confédération; c'est sur la parole des grandes puissances et à leur invitation pressante que ces cantons ont cédé.

Il y a plus. Pour donner à la Suisse une véritable frontière défensive, pour établir entre les cantons une contiguïté qui n'existait pas, les grandes puissances lui ont concédé gratuitement des territoires considérables. C'est ainsi que le district de Versoix a été détaché de la France pour établir la contiguïté entre le canton de Genève et celui de Vaud, et que, par le traité de Turin, les communes de Savoie qui bordent le lac Léman, entre le Valais et le territoire de Genève, ont été réunies à cette dernière république. D'autres concessions du même genre ont encore eu lieu.

Enfin, les grandes puissances ont garanti à la Confédération helvétique un état de neutralité perpétuelle, et placé ainsi à l'abri de toute agression son indépendance et son intégrité territoriale. Elles ont été déterminées à ces actes de bienveillance par l'espérance d'assurer la tranquillité de l'Europe, en plaçant entre plusieurs monarchies du continent un Etat pacifique par destination. C'est ce qui se trouve positivement exprimé dans le rapport fait au Congrès de Vienne, le 16 janvier 1815, et inséré au dixième protocole des actes de ce Congrès.

En présence de pareils précédens, ces puissances ont le droit évident d'examiner si la Confédération dont elles ont entendu favoriser la formation et la durée par

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