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MANIFESTO of the Emperor of Russia, on the Declaration of War against Turkey, th April, 1828.

PAR la Grace de Dieu, Nous Nicolas I. Empereur et Autocrate de Toutes les Russies, &c. &c. &c.

La Paix de Bucarest, conclue en 1812 avec la Porte Ottomane, après avoir été pendant 16 Ans l'objet de contestations fréquemment renouvelées, n'existe plus aujourd'hui, malgré tous Nos efforts pour maintenir cette transaction et la préserver de toute atteinte. La Porte, non contente d'avoir renversé les bases de l'état de Paix, défie en ce moment la Russie et lui suscite une Guerre à outrance; elle arme ses Peuples en masse, accuse la Russie d'être son Ennemie irréconciliable, foule aux pieds la Convention d'Akerman, et par cela même tous les Traités antérieurs; enfin, la Porte n'hésite pas à déclarer, qu'elle n'a consenti aux Clauses de cette même Convention, que pour déguiser ses desseins et les préparatifs d'une Guerre nouvelle.

A peine ce mémorable aveu a-t-il été prononcé, que les droits du Pavillon Russe sont méconnus, les Bâtimens qu'il protège arrêtés; leurs Cargaisons deviennent la proie d'un Gouvernement avide et arbitraire; Nos Sujets se voient contraints de violer leur serment, ou de quitter sans délai une terre ennemie ; le Bosphore se ferme ; Notre Commerce est anéanti; Nos Proviuces méridionales, privées du seul débouché de leurs productions, sont menacées de pertes incalculables. Il y a plus. Au moment où les négociations entre la Russie et la Perse allaient être terminées, un changement subit de la part du Gouvernement Persan vint en arrêter le cours. Bientôt il fut constaté que c'était la Porte Ottomane que s'efforçait d'ebranler les résolutions de la Perse, en lui promettant de puissans secours ; qu'elle armait à la hâte les troupes des Pachas limitrophes, et s'apprêtait à soutenir un langage aussi insidieusement hostile, par le fait d'une imminente aggression.

Telle a été la série des attentats de la Turquie, depuis la conclusion du Traité de Bucarest jusqu'à ce jour. Tel a été malheureusement le fruit des sacrifices et des efforts généreux que la Russie n'a cessé de s'imposer, afin de rester en paix avec une Puissance voisine,

Mais il est des bornes à la longanimité ; l'honneur du nom Russé, la dignité de l'Empire, l'inviolabilité de ses droits et celle de Notre gloire nationale, en ont marqué le terme.

Ce n'est qu'après avoir mesuré toute l'étendue de Nos devoirs fondés sur une nécessité impérieuse, qu'animés Nous-mêmes de la plus intime confiance dans la justice do Notre cause, Nous avons ordonné à Nos Armées de marcher, avec l'assistance divine, contre un Ennem violateur des Engagemens les plus sacrés et de la Loi des Nations.

Nous sommes persuadés que Nos fidèles Sujets uniront à Nos prières leurs vœux fervens pour le succès de Notre enterprise, qu'ils

invoqueront le Tout-Puissant afin qu'il daigne accorder Sa force à Nos braves Soldats, et répandre Ses bénédictions célestes sur Nos armes, destinées à defendre Notre Sainte Religion et Notre Patrie bienaimée.

Donné à Saint Pétersbourg, le 14 Avril de l'An de grâce 1828, et de Notre Règne le 3me.

Contresigné: Le Vice-Chancelier,

NICOLAS.

COMTE DE NESSELRODE.

RUSSIAN Declaration of War against Turkey.
April 4, 1828.

Tous les vœux de la Russie pour rester en Paix avec un Empire limitrophe ont été inutiles. Contrainte, malgré sa longue patience et de coûteux sacrifices, à confier aux armes le soin de protéger ses droits dans le Levant, et d'imprimer à la Porte Ottomane le respect des Traités, elle développera les motifs, tout à la fois impérieux et justes, qui lui imposent la pénible nécessité d'une telle détermination.

Seize Années se sont écoulées depuis la Paix de Bucarest, et 16 Années ont vu la Porte enfreindre les Stipulations qu'elle venait de conclure, éluder ses promesses, ou en subordonner l'accomplissement à d'interminables délais. Trop de preuves, que le Cabinet Impérial citera, démontrent cette tendance aveuglement hostile de la politique du Divan. Dans plus d'une occasion, et surtout en 1821, elle prit, à l'égard de la Russie, un caractère de provocation et d'inimitié ouvertes. Elle le reprend depuis 3 mois par des actes solennels et des mesures de notoriété Européenne.

*

C'est le jour où, en quittant Constantinople, les Ministres de trois Puissances, unies par une transaction désintéressées, dans une cause qui est celle de la religion et de l'humanité souffrante, exprimaient encore la vif désir de conserver la Paix ; le jour où ils en indiquaient le facile moyen, et où la Porte protestait également de ses intentions pacifiques; c'est ce même jour qu'elle a appelé aux armes contre la Russie tous les Peuples qui professent le culte de Mahomet ; qu'elle l'a proclamée l'implacable ennemie de l'Islamisme; qu'elle l'a accusée de vouloir renverser l'Empire Ottomane; qu'enfin, avouant elle même sa résolution de négocier uniquement pour s'apprêter à combattre, et de ne jamais remplir des Articles essentiels de la Convention d'Akerman, elle a déclaré ne l'avoir conclue que dans le seul dessein de la rompre. La Porte n'ignorait pas que c'était rompre aussi tous les Traités antérieurs, dont la Convention d'Akerman a stipulé le renouvellement, mais elle avait arrêté d'avance ses décisions et sa marche.

Lettre du Grand-Visir au Compte de Nesselrode, publiée ci-dessous, et à laquelle succéda immédiatement le Hatti-Chérif du 20 Décembre.

A peine le Grand-Seigneur a-t-il parlé aux Vassaux de Sa Couronne, que les priviléges du Pavillon Russe sont violés; les Bâtimens qu'ils couvraient détenus; leurs Cargaisons saisies; leurs Capitaines contraints de les livrer à des prix fixés arbitrairement ; les valeurs d'un paiement incomplet et tardif, réduites de moitié; bientôt même les Sujets de Sa Majesté Impériale forcés de descendre à la condition de Rayas, ou de quitter en masse tous les Territoires de la Domination Ottomane. Cependant, le Bosphore se ferme, le Commerce de la Mer Noire est comme enchaîné ; la ruine des Villes Russes, qui lui doivent leur existence, devient imminente, et les Provinces Méridionales des Etats de l'Empereur perdent le seul débouché de leurs produits, la seule communication Maritime qui puisse, en y favorisant les échanges, y féconder le travail, y porter l'industrie et la richesse. Mais les limites de la Turquie ne suffirent pas à la activité de ces malfaisantes dispositions. Quand elles éclatèrent à Constantinople, le Général Paskévitch, à la suite d'une glorieuse Campagne, négociait avec la Perse une Paix, dont la Cour de Téhéran avait déjà accepté les Conditions. Tout-à-coup il fut surpris des lenteurs qui succédèrent à l'empressement de signer une Convention approuvée des deux parts dans tous ses Articles. Après les delais vinrent les difficultés, après les difficultés les intentions belliqueuses, et, d'un côté, l'attitude des Pachas du voisinage, armant à la hâte, de l'autre, des renseignemens certains, des aveux positifs, nous révélèrent le secret des promesses de diversion, qui nous condamnaient à de noveaux efforts.

Ainsi, par ses Proclamations, le Gouvernement Turc publiait le des. sein de rompre ses Traités avec la Russie, et déjà, par ses mesures, il les mettait au néant. Ainsi, il lui annonçait la Guerre dans un prochain avenir, et déjà en réalité, il la faisit à ses Sujets et à son Commerce. Il la ranimait où elle venait de s'éteindre.

La Russie n'insistera pas sur les motifs que l'autorisent à ne point tolérer des actes d'hostilité aussi manifestes, et à en empêcher le retour. Si un Etat pouvait abandonner ses intérêts les plus chers, immoler son honneur, et répudier des transactions qui sont pour lui, tout ensemble, des monumens de gloire et des garanties de prospérité, il se trahirait luimême, et manquerait à ses devoirs en manquant à ses droits.

Mais de tels droits, de tels devoirs, deviennent plus positifs encore quand ils succèdent à une evidente modération et aux témoignages éclatans des intentions les plus pacifiques.

Les sacrifices que la Russie s'est constamment imposés, dans le but d'assurer au Monde une Paix solide, depuis l'époque à jamais mémorable que détrôna en même tems le despotisme militaire et le génie des Révolutions; ces sacrifices, dictés par une politique généreuse, et aussi spontanés qu'ils ont été nombreux, l'Univers les connait, l'histoire des dernières Années les atteste, et la Turquie elle-même, quoique peu disposée à les apprécier, et nullement en droit d'y prétendre, en a éprouvé,

à son tour, les résultats conservateurs. Elle n'a cessé néanmoins de méconnaître l'utilité de ses Stipulations avec le Cabinet de St. Pétersbourg, des Traités fondamentaux de Kainardjé, de Yassi et de Bucarest, qui, en plaçant son existence et l'intégrité de ses Frontières sous la sauvegarde du droit Public, devaient, par une conséquence palpable, co-opérer à la durée de son Empire. La Paix de 1812 était à peine signée, que déjà elle crut pouvoir profiter impunément des conjonctures defficiles, mais fécondes en succès, où se trouvait alors la Russie, pour multiplier les infractions aux Engagemens qu'elle venait de prendre. Une Amnistie avait été promise aux Serviens: elle fut remplacée par une Invasion et d'affreux massacres. Les immunitiés étaient garanties à la Moldavie et à la Valachie: un système de spoliation acheva la ruine de ces malheureuses Provinces. Les incursions des peuplades qui habitent la rive gauche du Couban, devaient être prévenues par les soins de la Porte. Elles furent hautement encouragées, et la Turquie, non contente d'élever, au sujet de plusieurs Fortresses indispensables à la sûreté de nos Domaines Asiatiques, des prétentions dont elle-même a reconnu le peu de fondement par la Convention d'Akerman, les rendit doublement inadmissibles en favorisant aux bords de la Mer Noire, et jusque dans notre voisinage, le Commerce des Esclaves, les rapines et tous les genres de désordres. Il y eut plus: alors comme à présent les Vaisseaux sur lesquels flottait le Pavillon de Russie furent arrêtés dans le Bosphore, leurs Cargaisons saisies, et toutes les Stipulations du Traité de Commerce de 1783 ouvertement violées.-C'était au moment même où la gloire la plus pure et de beinfaisans triomphes couronnaient, dans une cause sainte, les Armes de Sa Majesté l'Empereur Alexandre, d'immortel souvenir. Il n'aurait tenu qu'a Lui de tourner sa puissance contre la Porte Ottomane. Mais, vainqueur pacifique et supérieur à tout ressentiment, ce Monarque évita jusqu'à l'occasion la plus légitime de redresser ses propres griefs, et ne voulut point interrompre, immédiatement après l'avoir affermie, cette Paix rendue à l'Europe par de nobles efforts et de nobles pensées. Sa position lui offrait d'immense avantages. Il renonça à s'en prévaloir, pour entamer, dès l'Année 1816, avec le Gouvernement Turc, une Négociation fondée sur le principe et le vœu d'obtenir exclusivement, à l'aide de la persuasion, des garanties d'ordre, de fidélité aux Conventions en vigueur, et de rapports mutuels, satisfaisans et paisibles, garanties que sa main victorieuse aurait pu imposer à la Porte, hors d'état de lui résister.

Une si haute modération ne fut pas comprise.-Pendant 5 Ans, le Divan se roidit contre les ouvertures conciliantes de l'Empereur Alexandre, s'appliqua à fatiguer sa longanimité, à contester ses droits, à révoquer en doute ses bonnes dispositions, à braver même la prépondérance de la Russie, enchaînée par le seul désir de prolonger la tranquillité générale, en poussant la patience jusqu'à ses dernières limites.

Et cependant une Guerre avec la Turquie n'entraînait aucune

complication des rapports de la Russie avec ses principaux Alliés. Nul pacte de garantie, nul solidarité politique, ne rattachaient les destinées de l'Empire Ottoman aux Stipulations réparatrices de 1814 et 1815, à l'ombre desquelles l'Europe civilisée et chrétienne respirait de ses longues discordes, et voyait les Gouvernemens unis par le souvenir d'une gloire commune, et par une heureuse identité de principes et d'intentio ns.

Après 5 Années d'efforts bienveillans et soutenus de la part du Représentant de la Russie, de tergiversations et de lenteurs du côté de la Porte, lorsque plusieurs points de la Négociation relative à l'exécution du Traité de Bucarest paraissaient devoir être résolus, un soulèvement général de la Morée, et l'irruption en Moldavie d'un Chef de parti, infidèle à ses devoirs, vint réveiller dans le Gouvernement et dans la Nation Turque tous les transports d'une haine aveugle contres les Chrétiens ses tributaires, sans distinction entre l'innocent et le coupable. La Russie n'hésita pas un instant à frapper d'une juste réprobation l'entreprise du Prince Ypsilanti. Elle autorisa, comme Puissance Protectrice des deux Principautés, les mesures de défense et de répression légitime, adoptées par le Divan, en insistant toutefois auprès de lui sur la nécessité de ne point confondre des Populations inoffensives avec les Fauteurs de troubles, qu'il importait de désarmer et de punir. Ces conseils furent repoussés; le Représentant de Sa Majesté Impériale fut insulté dans sa propre demeure, l'élite du Clergé Grec et le Patriarche, qui en était le chef, subirent, au milieu des solemnités de notre Sainte Religion, un supplice ignominieux. Tout ce qu'il y avait d'élevé parmi les Chrétiens fut saisi, dépouillé massacré, sans jugement; le reste prit la fuite. Cependant, le feu de l'insurrection, loin de sa ralentir, se propageait de toutes parts. En vain le Ministre de Russie essaya de rendre à la Porte un dernier service. En vain, par sa Note du 6 Juillet, 1821, il lui indiqua des voies de conciliation et de salut. Après avoir protesté contre des crimes et des fureurs, sans exemples dans l'histoire, il se vit obligé de remplir les ordres de son Souverain en quittant Constantinople. Ce fut dans ce tems que les Puissances Amies et Alliées de la Russie, toutes intéressées au maintien de la tranquillité générale, s'empressèrent d'offrir et d'employer leurs bons offices à l'effet de conjurer l'orage qui allait fondre sur le Gouvernement Turc, frappé d'un aveuglement funeste. La Russie suspendit à son tour le redressement de ses trop justes griefs, dans l'espoir de parvenir à concilier ce qu'elle se devait à elle-même, avec les ménagemens que la situation de l'Europe, et son repos plus d'une fois compromis, paraissaient alors réclamer. D'aussi grands sacrifices demeurèrent stériles. Tous les effortsd es Alliées de l'Empereur échouèrent successivement contre l'obstination de la Porte, qui, s'abusant peut-être sur les motifs de notre conduite, comme sur l'étendue de ses propres ressources, poursuivit l'exécution d'un plan destructeur contre les Populations Chrétiennes soumises à son

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