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Ces directions sont générales. A Votre passage par Londres," Vous tâcherez de Vous procurer des notions plus positives sur chacun des objets que nous venons d'examiner. Ce qu'il importe d'approfondir, est: 1°. Les rapports existans entre la Cour de St. James et celle de Rio Janéiro;

2°. Le systême Britannique dans la grande question des Colonies. Espagnoles;

3°. Enfin le parti que le Cabinet de St. James prendroit, si les EtatsUnis déclaroient la guerre à l'Espagne.

Nous attendrons sur ces trois points Vos observations. Elles motiveront peut-être des instructions plus positives, que le Ministère, en cas de besoin, Vous fera parvenir à Washington.

La mission qui Vous est confiée, embrasse de grands intérêts.-Les intentions de l'Empereur Vous sont connues. Il dépend de Vous de justifier la confiance dont il Vous honore.

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Recevez l'assurance de la consideration très-distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

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Le Ministère Impérial ne regrette nullement les circonstances qui Vous ont retenu jusqu'à présent en Europe.

Appelé à Aix-la-Chapelle, à la suite du désir que Vous en avez témoigné, Vous avez, pour ainsi dire, assisté aux Conférences qui viennent de finir: Vous en connaissez les résultats, ainsi que les discussions qui les ont heureusement amenés.

Dépositaire de toutes ces notions, il Vous est réservé de les utiliser dans Vos relations avec le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique.

L'apperçu des négociations d'Aix-la-Chapelle, ainsi que les directions générales dont Sa Majesté Impériale se plait a munir tous Ses Ministres dans l'Etranger, et que Vous recevez, ci-jointes, ne nous laissent plus qu'à tracer ici quelques erremens plus particulièrement relatifs à Votre Mission.

Vous connaissez maintenant le systême général de l'Europe dans ses élémens, comme dans son ensemble. Dépouillé de tous les prestiges dont

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10 Rush, Memoranda of a Residence at the Court of London, p. 321, under date of July 30, 1818, speaks of meeting Polética at the French ambassador's. "So strongly, he said, were his instructions imbued with this spirit [of friendliness], that he would not scruple to read them to Mr. Adams, when he got to Washington. I learned, not from Mr. Poleticca but otherwise, that they related in part to the United States joining the Holy Alliance." See also Adams, Memoirs, IV. 394.

The Congress of Aix-la-Chapelle was in session from September 29 to November 22, 1818. Polética took his leave of the czar there. Adams, Memoirs, IV. 371.

la politique exclusive a souvent essayé de le revêtir, il se présente enfin dans toute la pureté de ses principes, et dans toute l'étendue de son influence conservatrice.

Il est dès lors fait pour être embrassé par tous les Etats civilisés, quelle que soit la nature de leurs institutions politiques, ou la place qu'ils occupent dans l'ordre des Nations.

Les Etats-Unis y sont appelés par leurs propres intérêts.

Les instructions antécédentes dont Vous avez été muni à différentes reprises depuis Votre nomination au poste que Vous allez occuper, Vous ont déja suffisamment fait connaître les vues de Sa Majesté Impériale à cet égard. Le Ministère Imperial, tout en comptant sur Votre Zèle à les faire réussir aux Etats-Unis, ne se dissimule pas cependant les difficultés qu' opposeront à Vos efforts les préjugés populaires et les suggestions d'un intérêt mercantile mal-entendu. Le Ministère n'ignore pas qu'il existe aux Etats-Unis une opinion assez généralement répandue -qu'il ne convient nullement à ce pays de s'associer au systême politique de l'Europe. On va même jusqu'à soutenir que les malheurs de l'Europe sont entrés pour beaucoup dans les causes de la prospérité progressive des Etats-Unis. On ne peut combattre les erreurs populaires que par les leçons de l'expérience, et celle-ci nous a déja démontré, que si la longue tourmente politique que l'Europe a essuyée, fut au commencement favorable au développement des ressources naturelles des Etats-Unis, elle a fini par les atteindre et les froisser. Dans quel pays, à l'exception de la Russie, les vaisseaux et les propriétés Américaines n'ont-elles pas été arbitrairement saisies et confisquées? Et si la dernière guerre entre les Etats-Unis et l'Angleterre qu'il faut considérer comme une conséquence inévitable du systême d'isolement qu'ils ont voulu suivre, en dépit des circonstances s'est terminée plus heureusement pour eux qu'ils ne l'avaient espéré eux-mêmes, on sent qu'ils en sont moins redevables à leurs forces, qu'à la présomption dédaigneuse qui a fait commettre tant de fautes à leur puissant adversaire.

Il nous parait clair, Monsieur, que si les Etats-Unis persévèrent à se tenir éloignés du systême politique Européen, dont ils finiront néanmoins toujours par ressentir et suivre l'impulsion-car telle est l'impérieuse loi de la nature des choses-les mêmes dangers qu'ils ont courus en 1812 peuvent se renouveler.

Dans cette supposition, on se demande : quel sera leur auxiliaire dans une lutte aussi disproportionnée? quelle Puissance se croira en droit d'élever sa voix en leur faveur ?

Après Vous avoir développé ces apperçus généraux sur la direction qu'il serait à désirer d'imprimer à la politique Américaine, le Ministère Impérial Vous invite, Monsieur, à y vouer tous Vos soins. Il est d'avis toutefois qu'il ne Vous convient nullement de Vous mettre pour cela trop en évidence. Dans tout pays, gouverné par des institutions démocratiques, les préjugés politiques du Gouvernement sont d'autant plus difficiles à déraciner qu'ils sont ordinairement populaires. Et lorsqu'une fois les argumens, quelque spécieux qu'ils soient, ont manqué leur but, ils finissent toujours par renforcer les opinions qu'ils devaient renverser. Commencez par obtenir la Confiance des individus composant le Cabinet Américain; et lorsqu'ils Vous auront fait connaitre leur véritable pensée, Vous verrez s'il Vous convient de l'appuyer ou de la combattre.

Un second point moins important, mais que le Ministère Impérial croit devoir Vous recommander particulièrement, a pour objet les relations actuelles des Etats-Unis avec l'Espagne.

Des avis réitérés et assez authentiques feraient croire que le Gouvernement Américain, cédant aux clameurs populaires, avait pris la résolution de reconnaitre l'indépendance des Colonies Espagnoles, durant la session prochaine du Congrès."-Tout ce qui porte atteinte aux principes de justice qui doivent règler les rapports politiques entre les Etats, ne saurait obtenir l'approbation de l'Empereur. D'ailleurs Sa Majesté Impériale est l'Allié du Roi d'Espagne, autant que tous les Souverains et Gouvernemens qui ont signé, ou accédé au Recès de Vienne, et aux actes de Paris de l'année 1815. C'est Vous indiquer en peu de mots, Monsieur, notre manière d'envisager l'acte du Gouvernement Américain dont il s'agit.

Si donc, à Votre arrivée à Washington, le Gouvernement Américain n'a point encore résolu la reconnaissance des Colonies Espagnoles insurgées, il Vous est très-expressément recommandé de chercher à dissuader le Cabinet de Washington de cet acte d'hostilité envers l'Espagne, en usant toute fois de la même circonspection qui Vous a été enjointe plus haut. Les argumens ne sauraient Vous manquer.

D'un côté, le Gouvernement Américain est sûr de s'attirer une guerre avec l'Espagne, qui, déja par sa faiblesse, ne fournit aucune prise à la supériorité maritime de l'autre. Il y a toute probabilité que cette guerre partielle contre l'Espagne, finira par se communiquer à d'autres Puissances et peut-être par devenir générale. Qui peut alors calculer les chances? Est-il prudent de sacrifier tous les avantages que la paix générale offre aux Etats-Unis, à des contingens futurs et incertains, qui, après tout, peuvent n'aboutir qu'a créer des rivaux de plus à la puissance des Etats-Unis.

Le même esprit de conciliation, le même désir de préserver la tranquillité générale de toute atteinte, portent l'Empereur à désirer que les Etats-Unis puissent s'arranger à l'amiable avec l'Espagne relativement à la possession des Florides. C'est ainsi que Vous Vous expliquerez sur cette question lorsque Vous en serez interpellé.

Du reste, le Ministère Impérial, se référant aux instructions qui Vous ont été tracées précédemment, se flatte qu'il Vous a fourni tous les moyens qui étaient à sa disposition pour Vous mettre à méme de Vous acquitter de la Mission qui Vous est confiée, à la satisfaction de l'Empereur notre Auguste Maitre.

Recevez l'assurance de la considération très distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant Serviteur,
NESSELRODE.

AIX-LA-CHAPELLE

le 9/21 Novembre 1818.

A Mr. le C. d'Et. Act. Poletica.

21 Adams on August 15 had sent a circular to the American ministers at London, Paris, and St. Petersburg, asking in what light those governments would view such recognition. It did not in fact take place till June 19, 1822 (Colombia). For the whole story, see Paxson, The Independence of the South American Republics, pp. 124-177.

III. POLÉTICA TO NESSElrode.

À Monsieur le Comte de Nesselrode.

WASHINGTON, le 6/18 Novembre 1819.

Quelques jours avant mon retour ici toutes les gazettes du pays avaient retenties des succès obtenus dans le Courant d'Avril dernier par les troupes des insurgés de Vénézuela sous les ordres de Bolivar, sur les détachements Royalistes dans le royaume de la Nouvelle Grenade. D'après les bulletins imprimés par les autorités insurgés à Angustura, le Général Bolivar ayant avec lui 3000 hommes, après avoir complètement défait les forces Royalistes qui voulurent s'opposer à son passage, a occupé Santa Fé de Bogota le 10 Août n. st. et doit y avoir trouvé des munitions considérables, des approvisionnements en tout genre, et des espèces metalliques, s'élevant à de très grandes sommes.

Quoique ces nouvelles portassent un caractère assez positif, je ne me suis pas hâté de les mander à Votre Excellence, craignant de me trouver dans le cas, ainsi que cela m'est déjà arrivé quelque fois, sinon de démentir ensuite complètement ces nouvelles, du moins de les réduire à des proportions beaucoup plus minces.

Dans la vue d'obtenir quelques données certains sur ces événements, ainsi que sur l'ensemble de l'état actuel des choses dans l'Amérique Méridionale, j'allais hier voir Mr. Adams à son bureau."

Je le questionnai en premier lieu sur ce qui se passait présentement à Angustura, qu'un bâtiment de guerre Américain avait visité depuis peu, lui demandant si les assertions que j'avais trouvé il y a quelque temps dans les gazettes à l'égard des dissentions, existantes entre les Chefs de ce Gouvernement, étaient exactes. Mr. Adams me répondit, que ces nouvelles étaient absolument fausses; que le Gouvernement à Angustura était parfaitement unanime; que le dernier changement que s'y était opéré, l'avait été paisiblement, Mr. Zea, Vice-Président de la République, ayant de plein gré cédé sa place au général Arismondi; que les dissentions intestines se reduisaient à une inimitié personnelle entre ce dernier et l'Amiral Brion, Commandant en Chef des forces navales de Vénézuela; Que le général Bolivar continuait à être à la tête de toutes les affaires de la République en qualité du Président et qu'il jouissait de la confiance générale.

N'ayant aucune raison de suspecter l'exactitude de ces renseignements, du moins en ce qui concerne les circonstances principales, je ne puis me dispenser de réclamer de nouveau l'indulgence du Ministère Impérial relativement aux nouvelles qui terminent mon rapport sub No. 31.

Mr. Adams me confirma ensuite les succès du Général Bolivar dans la Nouvelle Grenade; en y ajoutant, que l'esprit d'insurrection avait pénétré dans toutes les provinces espagnoles de l'Amérique méridionale qui sont encore fidèles à la Mère Patrie. Il est allé jusqu'à avancer, que, si le Général Bolivar se présente au Mexique, que tout le pays se souleverait spontanément. Je me suis permis quelques objections sur la probabilité de ce dernier résultat, de même que sur l'idée générale, qu'il

22 Polética arrived in Washington May 24, 1819. Adams, Memoirs, IV. 370. From August to November he appears to have been absent.

23 The news was correct. For Adams's version of the conversation of November 17 reported below, see Memoirs, IV. 441-443.

s'était formée des dispositions des habitants dans les provinces attachées à la cause Royale. Mr Adams tout en soutenant ses opinions, convint cependant avec moi, que les rapports des insurgés avaient toujours été fort exagérés et que le Général Morillo avait montré une habileté peu commune en se maintenant pendant si longtemps avec des forces comparativement faibles, dans un pays où il avait à combattre les hommes, les élémens et les opinions exasperées au dernier point par des cruautés reciproquement commises durant une longue guerre civile.

Au milieu de cette conversation le sécrétaire d'Etat Américain me dit, que, puisque nous étions sur ce chapitre, il était bien aise de s'en faire une occasion pour me faire une communication confidentielle, afin que j'en fis part à mon Gouvernement.

Le Gouvernement Américain, me dit Mr. Adams, intimement convaincu que la lutte présente entre l'Espagne et les colonies se, terminerait définitivement par l'indépendance pleine et entière de ces dernières; persuadé en outre que l'intérêt de l'humanité, celui de l'Europe en général, sans en excepter l'Espagne elle même, l'intérêt manifeste des Etats Unis et des provinces insurgées de l'Amérique Espagnole réclamait impérieusement qu'on mit le plus tôt possible un terme à une guerre aussi atroce dans ses détails qu'elle était impolitique dans son objet qu'en conséquence le Gouvernement Américain avait pensé qu'un des moyens les plus propres à cet effet serait celui de faire la proposition aux principales puissances européennes de reconnaitre l'indépendance de celles. des colonies insurgées, qui avaient réussi à régulariser leurs Gouvernements intérieurs, en commençant par la République de Buenos Ayres, qu'à cette proposition on joindrait celle que ces mêmes Puissances réuniraient leurs efforts pour déterminer la cour de Madrid à faire aussi ce sacrifice en faveur de l'intérêt général.

Il y a à peu près deux ans, continua Monsieur Adams, que des ouvertures analogues ont été faites ici par lui aux Ministres d'Angleterre et de France. Le premier (Monsieur Bagot) tout en convenant des faits s'abstint néanmoins d'émettre une opinion, tandis que le second, Monsieur Hyde de Neuville, se prononça de la manière la plus positive au nom de son Gouvernement contre une proposition que sa Cour ne pouvait faire à l'Espagne sans blesser toutes les convenances et cette intime alliance qui unit les deux Cours sous le double rapport de la politique et d'une proche parenté."

Il ne fut donc plus question de faire à la France la proposition conçue par ce Gouvernement. Mais elle fut faite peu après au Cabinet Britannique par l'envoyé Américain à Londres dans la supposition que l'Angleterre, plus directement interessée que les autres puissances européennes à la pacification de l'Amérique Espagnole, accueillerait aussi plus favorablement l'ouverture de ce Gouvernement. Ces suppositions furent déçues; le Ministère Anglais ayant décliné la proposition comme incompatible avec les relations existantes entre l'Angleterre et l'Espagne.

Mr. Adams, après m'avoir mis au fait de la marche de cette affaire, mit un soin tout particulier à m'expliquer comment l'ouverture dont il s'agit n'a pas été faite dans le temps ni au Ministère Impériale directement, ni à l'Envoyé de Russie ici. Il m'était aisé de voir que le Sécrétaire d'Etat Américain avait fort à cœur de me convaincre que la méfiance n'avait aucune part à cette réticence. Mr. Adams m'assura très solennellement que son Gouvernement était dans la persuasion que la proposi24 Adams, Memoirs, IV. 186-187, 190, December 7, 12, 1818.

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