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lex extet. Quibus accedit, quod sit homo reformatus, et peregrinus, qui inter peregrinandum hoc ex quorundam incolarum sermonibus hausit; quorum relationes quandoque valde esse incertas, imo falsas, ex itinerariis, quibus Belgium describitur, sæpius ipse deprehendi. Quare considerandum, quomodo ejusmodi cavillationes pontificiorum solide retundi possint. Quicquid vero hujus sit, digna mihi hæc narratio videtur, historiæ meæ inseratur, si scriptoris alicujus pontificiis non suspecti autoritate confirmari posset. Si quæ talia tibi inter legendum plura occurrunt, rogo ut et mihi ea impertiri velis.

quæ

Scripsi, ante duos aut tres menses, virum quendam eximium argumenta tua de unitate divinâ videndi desiderio teneri. Ego aperte et rotunde tecum agere volui, et quod mihi in mandatis datum erat celare non potui. Nolui ego graviora tua negotia interturbare, aut aliquid tibi molestiæ creare. Scio, si ab animo ac negotiis tuis impetrare possis, argumenta tua viro magnifico fore gratissima, maximi enim et acumen et judicium tuum facit. Si vero negotia tua tempus attentæ ejusmodi meditationi, et diffusiori paulum scriptioni requisitum, tibi non concedant, aut aliquam inde tibi forte creandam molestiam verearis (de quo tamen te securum esse jubeo) ego à te monitus viro magnifico, prout potero, te excusatum reddam: velim tamen eo in casu excusationis rationes à te mihi suppeditari: malim autem, ut, si sine incommodo, aut incommodi metu possis, te viro magnifico gratiam hanc facere, ut materiam hanc, quam jamdiu animo volvit, tuâ operâ explanatiorem habeat. Vale, vir amplissime.

Amstelod. 11 Mártii, 16) (98 3

Tui amantissimus,
P. à LIMBORCH.

Joanni Locke Philippus à Limborch, s. P. D.

Vir amplissime,

DOCTISSIMAS tuas literas 21 Februarii datas Martii 21 die recte accepi. Paucis id eâdem die literis per filium meum tibi tradendis significavi. Attente tuas cum D. Clerico relegi. Ita judicamus argumentis invictis te unitatem essentiæ divinæ adstruxisse, nihilque in argumentatione tuâ desiderari. Verum nondum viro magnifico eas ostendendas censuimus, nisi sententiâ tuâ proprius exploratâ. Est enim aliquid quod mihi imputandum credo, qui viri magnifici mentem non plene tibi aperuerim. Quantum ex ipsius sermonibus percepi, agnoscit ille quidem evidens satis esse, unum tantum hujus universi esse rectorem: sed argumentum desiderat, quo probetur ens, cujus existentia est necessaria, tantum posse esse unum; et quidem ut id argumentum à necessitate existentiæ desumatur, et à priori (ut in scholis loquuntur) non à posteriori concludat, hoc est, ex naturâ necessariæ existentiæ probetur eam pluribus non posse esse communem. Narrabat enim, se cum aliis de materiâ hac disserentem, dixisse, quod si tale ens existat, præter Deum unicum à quo nos dependemus, illud ens minime nos spectare, quia ab eo non dependemus; atque hoc nobis sufficere, ut Deum unum toto corde amemus et colamus. Sed tum disquirendum, an tale ens necessario existens possit esse, præter Deum necessario existentem, à quo nos dependemus. Si quid itaque, ut viri magnifici curiositati plene satisfiat, addendum putes, illud expectabo: interim literas tuas solicite asservabo, ac nulli ostendam. Vale, vir amplissime, et si quid in toto hoc negotio à me per imprudentiam forte peccatum sit, benignus ignosce.

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Amstelod. Kal. Apr. 16) (98

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Tui amantissimus,
P. à LIMBORCH,

Lettre de Mr. Locke à Mr. Limborch.

Monsieur,

La question que vous m'avez proposée, vient de la part d'une personne d'un genie si vaste, et d'une si profonde capacité, que je suis confus de l'honneur qu'il me fait de deferer si fort à mon jugement dans une occasion, ou il lui seroit plus avantageux et plus sure de s'en rapporter à lui-même. Je ne sçai quelle opinion vous avez pû lui donner de moi, séduit par l'amitie que vous me portez; mais une chose, dont je suis fort assuré, c'est que, si je ne consultois que ma propre reputation, j'eviterois d'exposer mes foibles pensées devant une personne d'un si grand jugement, et que je ne me hazarderois pas à regarder cet article comme une question à prouver: bien des gens étant peut être d'avis qu'il vaut mieux le recevoir en qualité de maxime, parce que, selon eux, il est mieux établi sur les fondemens ordinaires, que si l'on tâchoit de l'expliquer par des spéculations et des raisonnemens auxquels tout le monde n'est pas accoutumé. Mais je sçai que la personne, par qui je crois que cette question vous a été proposée, a l'esprit autrement tourné. Sa candeur et sa probité égalent sa science et ses autres grandes qualitez. S'il ne trouve pas mes raisons assez claires ou assez convainçantes, il ne sera pour cela porté à condamner aussitôt mon intention, ni à mal juger de moi sous prétexte que mes preuves ne sont pas aussi bonnes qu'il l'auroit souhaité. Enfin, moins il trouvera de satisfaction dans mes raisonnemens, plus il sera obligé de me pardonner, parce que, quelque convaincu que je sois de ma foiblesse, je n'ai pas laisse d'obéir à ses ordres. J'ecris donc simplement parce que vous le voulez l'un et l'autre ; et je veux bien, Monsieur, que vous fassiez voir s'il vous plait ma lettre à cet excellent homme, et aux autres personnes, qui se trouverent dans vôtre conference. Mais c'est aux conditions suivantes: La première, que ces Messieurs me promettront de m'apprendre librement et sincerement leurs pensées sur ce qui je dis; la seconde, que vous ne donnerez aucune

copie de ce que je vous écris à qui que ce soit, mais que vous me promettrez de jetter cette lettre au feu quand je vous prierai de la faire. A quoi je serois bien aise que vous eussiez la bonté d'ajouter une troisième condition, c'est, que ces Messieurs me feront l'honneur de me communiquer les raisons sur lesquelles ils établissent eux-mêmes l'unité de Dieu.

La question dont vous me parlez, se réduit à ceci, "Comment l'unité de Dieu peut être prouvée ?" ou en d'autres termes, "Comment on peut prouver qu'il n'y a qu'un Dieu."

Pour resoudre cette question il est nécessaire de scavoir, avant que de venir aux preuves de l'unité de Dieu, ce qu'on entend par le mot de Dieu. L'idée ordinaire, et à ce que je crois, la véritable idée qu'ont de Dieu, ceux qui reconnoissent son éxistence, c'est, qu'il est "un Etre infini, éternel, incorporel, et tout parfait." Or cette idée une fois reconnue, il me semble, fort aisé d'en déduire l'unité de Dieu. En effet un être qui est tout parfait, ou pour ainsi dire, parfaitement parfait, ne peut être qu'unique, parce qu'un être tout parfait ne sçauroit manquer d'aucun des attributs, perfections, ou dégrez des perfections, qu'il lui importe plus de posséder, que d'en être privé. Car autrement il s'en faudroit d'autant qu'il ne fut entièrement parfait. Par exemple, avoir du pouvoir est une plus grande perfection que de n'en avoir point; avoir plus de voir est une plus grande perfection que d'en avoir moins; et avoir tout pouvoir (ce qui est être tout puissant) c'est une plus grande perfection que de ne l'avoir pas tout. Cela posé; deux êtres tout puissans sont incompatibles; parce qu'on est obligé de supposer que l'un doit vouloir nécessairement ce que l'autre veut; et en ce cas-là, l'un des deux, dont la volonté est necessairement déterminée par la volonté de l'autre, n'est pas libre, et n'a pas, par conséquent, cette perfection-la: car il est mieux d'être libre, que d'être soumis à la détermination de la volonté d'un autre. Que s'ils ne sont pas tous deux réduits à la necessité de vouloir toûjours la même chose, alors l'un peut vouloir faire ce que

pou

l'autre ne voudroit pas qui fut fait, auquel cas la volonté de l'un prévaudra sur la volonté de l'autre, et ainsi celui des deux, dont la puissance ne sauroit seconder la volonté, n'est pas tout-puissant; car il ne peut pas faire autant que l'autre. Donc l'un des deux n'est pas tout-puissant. Donc il n'y a, ni ne sauroit y avoir deux tout-puissans, ni par consequent deux Dieux.

Par la même idée de perfection nous venons à connoître, que Dieu est omniscient. Or dans la supposition de deux êtres distincts, qui ont un pouvoir et une volonté distincte, c'est une imperfection de ne pouvoir pas cacher ces pensées à l'autre. Mais si l'un des deux cache ses pensées à l'autre, cet autre n'est pas omniscient, car non seulement il ne connoit pas tout ce qui peut être connu, mais il ne connoit pas même ce qu'un autre connoit.

On peut dire la même chose de la toute-presence de Dieu : il vaut mieux qu'il soit par tout dans l'étenduë infinie de l'espace, que d'être exclus de quelque partie de cet espace, car s'il est exclu de quelque endroit, il ne peut pas y operer, ni savoir ce qu'on y fait, et par conséquent il n'est ni tout-puissant ni omniscient.

Que si pour anéantir les raisonnemens que je viens de faire, on dit que les deux Dieux qu'on suppose; ou les deux cent mille (car par la même raison qu'il peut y en avoir deux il y en peut avoir deux millions, parce qu'on n'a plus aucun moyen d'en limiter le nombre) si l'on oppose, dis-je, que plusieurs Dieux ont une parfaite toute-puissance, qui soit éxactement la même, qu'ils ont aussi la même connoissance, la même volonté, et qu'ils existent également dans le même lieu, c'est seulement multiplier le même être, mais dans le fondé et dan la verité de la chose on ne fait que réduire une pluralité supposée à une véritable unité. Car de supposer deux êtres intelligens, qui connoissent, veulent, et font incessamment la même chose, et qui n'ont pas une existence separée, c'est supposer en paroles une pluralité mais poser effectivement une simple unité. Car être inséparablement uni par l'entendement, par la volonté, par l'action, et par le lieu; c'est être autant uni qu'un être intelligent peut-être uni à lui même, et par conséquent, supposer que là, où il y a une telle union, il peut y

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