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1846 A. S. E. D. J. M. de Castillo y Lanzas, ministre des affaires étrangères et de l'intérieur. Jalapa, 17 mars 1846.

Le soussigné, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire des Etats-Unis d'Amérique, a l'honneur d'accuser réception de la note de V. E., à la date du 12 courant, d'après laquelle il est informé que le Gouvernement mexicain ne peut le reconnaître en qualité d'envoyé extraordinaire et de ministre plénipotentiaire près de votre Gouvernement.

Le soussigné, désirant, d'après la teneur de ses instructions, retourner aux Etats-Unis dans le plus bref délai, et devant s'embarquer à la Vera-Cruz, vous prie de lui faire remettre ses passeports: il les attendra dans cette dernière ville.

Votre excellence n'ayant présenté aucun argument nouveau à l'appui du refus de recevoir le soussigné comme envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, il s'abstient de commenter la partie de la note écrite par V. E., note qui, à part quelque différence de phraséologie, reproduit en substance les mêmes objections déjà présentées par M. Pena y Pena, dans sa correspondance de décembre dernier.

Cependant le soussigné ne peut permettre que, par son silence, on infère qu'il ait reconnu l'exactitude de l'exposé que présente V. E. sur la question du Texas, et sur la marche générale de la politique que vous attribuez si gratuitement au Gouvernement des Etats-Unis. Dans l'examen qu'il est du devoir du soussigné de faire de cet exposé, il s'attachera à garder ce ton de réserve et cette modération de langage qui vont si bien à la conviction d'un droit et à la force qui peut le faire valoir, mais dont précisément V. E. ne lui a pas donné l'exemple. Les Etats-Unis peuvent en appeler à l'histoire de ces vingt dernières années, lorsqu'il s'agit de répondre aux accusations de violence, de fraude, d'intrigue et de mauvaise foi, répandues avec tant de profusion dans la note de V. E.

Jamais on n'a pu dire que le projet de coloniser le Texas par des citoyens des Etats-Unis, ait été suggéré par le Gouvernement. Ce fut la conséquence directe de la politique adoptée par le Mexique, et c'est à cette politique seule qu'il faut s'en prendre des résultats surve

nus; et, en effet, avec la plus légère attention, on pou- 1846 vait les prévoir: on devait s'attendre à ce qui devait résulter de l'amalgame d'un peuple, dont les moeurs et les idées étaient en si complète opposition avec les habitudes du pays où ils allaient s'établir. C'est sans motif que vous dites que les Etats-Unis, profitant de la généreuse hospitalité accordée à leurs habitans au Texas, avec l'arrière-pensée de se rendre maître tôt ou tard de ce territoire, propagérent l'émigration à ce point que de sujets les colons devenaient souverains et devaient finir par dominer sur tout le territoire et par le livrer aux Etats-Unis. Il est vrai que le Gouvernement ne mit pas d'obstacles à l'émigration: c'est d'ailleurs un principe religieux pour ainsi dire parmi nous, notre exedo, que cette liberté entière laissée à chaque citoyen de se démettre de sa nationalité pour aller chercher fortune, si bon lui semble, dans les pays étrangers. Et de plus, encouragés par les concessions gratuites de terrain promises aux émigrans, heureux de trouver dans le Texas cette analogie d'institutions qui, à part l'intolérance religieuse, étaient en parfait accord avec les institutions sous lesquels ils étaient nés, les hôtes de ce pays durent arriver en très-peu de temps à un tel état de prospérité, qu'aux termes mêmes de la constitution de 1824, ils demandèrent à s'incorporer à la Confédération mexicaine, mais comme Etat séparé. Un congrès fut réuni; on jeta les plans d'une nouvelle constitution destinée à l'Etat du Texas, et basée sur les articles du pacte fondamental de 1824; on voulut soumettre la constitution et la demande d'annexion au congrès général; mais cette tentative fut répoussée, et on préféra mettre le délégué du Texas en état d'arrestation. Le congrès général fut bientôt après dissous par la force armée; il s'établit un Gouvernement arbitraire qui convoqua une nouvelle assemblée, et ce fut alors que fut abolie la coustitution fédérale : on institua un pouvoir unique et central. Quel était le droit incontestable du Texas? c'était de se refuser à l'obéissance envers un Gouvernement imposé aux autres Etats par une révolte militaire qui venait de triompher! Il s'y refusa. Dès lors, le pacte qui l'unissait à la république mexicaine fut rompu; malgré des efforts extraordinaires tentés pour le soumettre, il se déclara indépendant le 13 mars 1836, et cette indépendance, il la soutint sur le champ de bataille de San-Jacinto, où une

1846 armée nombreuse et bien équipée, commandée par le président de la république mexicaine en personne, fut mise en déroute et exterminée. Le Texas demanda aux Etats-Unis de reconnaître son indépendance et il proposa l'annexion. Le langage tenu dans ces circonstances par le président Jackson dans un message adressé au sénat, est une preuve admirable de la bonne foi et de la modération qui ont toujours été les caractères de la politique suivie par les Etats-Unis à l'égard du Mexique. Son avis était: qu'il n'y avait rien à changer à l'attitude gardée jusque-là par les Etats-Unis, tant que le Mexique même, ou une des grandes puissances étrangères, n'aurait pas reconnu l'indépendance du nouveau Gouvernement: à moins que les cours du temps ou la marche des événemens ne missent bientôt hors de doute la possibilité pour le Texas de soutenir sa nationalité et le gouvernement qu'il s'était choisi. Les négociations, entamées à ce sujet par le Texas, restérent ainsi sans résultat pendant des années; le Gouvernement des EtatsUnis ne voulut pas les admettre; mais, enfin, le moment vint où, selon une brève expression du président Jackson; le temps devait accréditer le Texas; et, en effet, sa révolution apparut comme un fait accompli, et l'indépendance de cet Etat ne fût plus mise en question. M. Webster, ministre des Etats-Unis, a pu écrire, il y a de cela quatre ans, au résident américain à Mexico; "Depuis 1836, depuis la victoire de San-Jacinto, jusqu'à ce jour, le Texas a donné autant de preuves de nationalité que le Mexique même, et son Gouvernement est tout aussi stable. C'est un Etat libre et indépendant reconnu par les plus grandes puissances de l'univers: ses frontières, depuis six ou sept ans, n'ont pas été foulées par un ennemi; le Mexique, le premier, s'abstient de toute tentative pour rétablir sa domination sur ce pays." Voilà cependant ce qu'était dejà le Texas, et néanmoins le Mexique laissa encore passer trois années pendant lesquelles les Etats-Unis ne résolurent rien au sujet de l'annexion, tant était grande, en effet, cette prudence, cette réserve du senat américain, dont l'éloge a été si bien fait par V. E. Mais faut-il citer ici une nouvelle autorité à l'appui de la mesure pleine de justice et d'opportunité qui consacra l'indépendance du Texas? Je vais citer l'autorité du Mexique le ministre des affaires étrangères, M. Cuevas, parlant au nom du congrès na

tional, le 19 mars dernier, n'a-t-il plus déclaré qu'il 1846 était prêt à reprendre la négociation avec le Taxas et à reconnaître ses commissaires? La première condition de cette reprise des rapports officiels, c'était: que le Mexique consentirait à admettre le Texas comme un Etat indépendant. Il est vrai que, d'après une deuxième condition, le Texas s'engageait, par un traité, à ne se réunir ni à se soumettre à aucun autre pays. Mais qui ne sait par quels motifs, après avoir posé de tels préliminaires, on faisait cette dernière restriction? On n'en peut disconvenir, cette convention fut concertée entre les ministres de la Grande-Bretagne et de la France, à la suite du décrét sur l'annexion, et elle fut dirigée directement contre les Etats-Unis. Ainsi le Mexique sentait très-bien son impuissance, dès qu'il s'agissait de rétablir le Texas sous sa domination; il abandonnait toutes ses prétentions sur le territoire de ce pays; mais s'il consentait à faire à contre-coeur cette tardive reconnaissance du Texas, ce n'était point qu'il eût rien perdu de ses sentimens hostiles contre ceux qu'il appelait des sujets rebelles, c'est qu'il espérait satisfaire des préventions peu favorables à l'égard des Etats-Unis.

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Le soussigné ne peut s'empêcher de témoigner au moins son extrême surprise de ce qu'en présence de preuves aussi irréfragables que celles qui existent et prouvent que non seulement le Gouvernent mexicain ne songeait plus au Texas, mais qu'il avait même abandonné toute espérance, V. E. prétende aujourd'hui que:,,Le Texas a toujours fait partie intégrante du Mexique, non-seulement pendant la longue période de la domination espagnole, mais même depuis l'affranchissement du Mexique, et cela sans aucune interruption". De plus, V. E. ajoute: ,,Les Etats-Unis avaient dépouillé le Mexique d'une riche partie de son territoire, sans tenir compte des droits imprescriptibles de la possession la plus constante".

Combien est faible la cause qui est forcée de s'appuyer sur de tels argumens qui se trouvent contredits par des faits connus du monde entier, et combien vos véhémentes déclamations à propos de cette soif d'agrandissement de territoire que ressent, dites-vous, let EtatsUnis, sont peu fondées! L'indépendance du Texas étant un fait que le Mexique a laissé s'accomplir, on n'avait pas le droit de lui imposer des restrictions sur la forme

1846 de gouvernement qu'il voulait choisir, et l'on ne peut, de même, se plaindre de ce que le Taxas, comprenant ses vrais intérêts, ait jugé à propos de confondre sa nationalité avec celle des Etats-Unis.

Le Gouvernement mexicain ne peut donc faire peser sur les Etats-Unis la responsabilité de la guerre en les supposant agresseurs. Un fait incontestable, péremptoire, répond à toutes les subtilités et à tous les sophismes que l'on met en avant, pour obscurcir cette question. Ce fait, c'est la présence, à Mexico, d'un ministre des Etats-Unis investi de pleins pouvoirs pour régler tous les différends entre les deux nations, y compris l'affaire du Texas. Des deux côtés, des réclamations ont lieu et elles doivent être réunies et réglées dans une même négociation diplomatique, ou bien devant l'arbitre choisi par le Mexique lui-même.

A quel propos le Mexique prétend-il que les EtatsUnis cherchent un prétexte pour commencer les hostilités? Est-ce parce que quelques navires de guerre ont paru sur la côte mexicaine et que de faibles détachemens se sont avancés vers la frontière du Texas qu'on met en doute la sincérité des Etats-Unis dans ses protestations de paix? Il n'est pas nécessaire, je pense, de rappeler à V. E. que toutes les menaces de guerre sont venues du Mexique. Le Gouvernement actuel est arrivé depuis trop peu de temps aux affaires, pour que S. E. ait déjà oublié sous quel prétexte le pouvoir auquel il succède a été renversé. Le prétexte allégué alors, contre celui qui était président, le crime, disaiton, qui motiva son expulsion violente de la présidence, c'était de n'avoir pas continué la guerre contre le Texas, ou, pour mieux dire, contre les Etats-Unis, et de s'être permis d'écouter des propotisions de paix. Quand il en est ainsi, s'imaginer que le Gouvernement actuel n'ait jamais pensé et ne pense pas encore à prendre une attitude offensive vis-à-vis des Etats-Unis, ce serait faire pis que de l'accuser de ne savoir comment soutenir une politique hostile qu'il avait promis de défendre, ce serait insinuer qu'il a agi d'après une indigne ambition; celle de se mettre à la place d'un rival. Lorsque tant de manifestations guerrières ont été soulevées au Mexique, lorsqu'on a créé une situation qui serait la guerre, si les paroles tenaient lieu d'une déclaration, de quel droit se plaint-on de ce que les Etats-Unis, prévenus des at

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