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et loyale, appuyée sur la raison et sur les faits. Il suf- 1846 fit de ne dire que la vérité, et on verra si la justice est du côté du Mexique dans la question qui se débat.

Depuis plusieurs années déjà, on découvre un fait aujourd'hui très-clair; c'est la tendance des Etats-Unis à s'agrandir et augmenter leur immense territoire aux dépens du Mexique. On ne peut nier, quant au Texas du moins, que ce n'ait été là son but constant; c'est ce qui d'ailleurs a été dit catégoriquement et même en termes officiels par un agent de l'Union, dont les paroles, malgré leur étrange et insolente franchise, n'ont pas encore été démenties par le Gouvernement des Etats-Unis.

En ne citant pas ici tous les événemens auxquels ce projet très-réel a donné lieu depuis une large période d'années, événemens qui n'ont pas seulement servi à révéler de l'ambition, mais qui ont démontré que l'on ne reculait devant aucun moyen ni aucune sorte de succès, il suffit de citer ce qui s'est passé depuis l'année dernière: c'est là ce qu'il importe le plus d'examiner à présent.

Les Etats-Unis dès qu'ils virent le moment arrivé pour l'annexion du Texas, dês qu'ils furent assurés de l'appui de leurs alliés et de leurs partisans naturels sur ce territoire; dès ce moment, ils agirent ouvertement, et ils employèrent tous les moyens possibles en vue de l'annexion. Le projet éclata dans le congrès même. D'abord il ne prévalut pas dans cette assemblée, grâce à la circonspection, à la sagesse déployée alors par le sénat.

Cependant on le fit reparaître dans d'autres sessions, et il finit par être approuvé dans la forme et dans les termes que tout le monde connaît.

Un fait pareil, ou, pour dire le mot, un acte si notoire d'usurpation exigeait impérieusement que le Mexique y répondît avec la fermeté et la dignité convenables. Déjà le Gouvernement suprême avait déclaré, qu'à ses yeux un acte semblable impliquait le casus belli. II fut conséquent avec sa déclaration. Les négociations se trouvaient par le fait anéanties, et la guerre apparut comme l'unique secours du Gouvernement mexicain.

Mais tandis qu'il ce préparait à défendre ses droits méconnue, il reçut de celui qui se faisait appeler président de la république du Texas, des propositions tendant à une sorte de transaction sur les bases de l'in

1846 dépendance de cet Etat; le Gouvernement consentit à les écouter; sa condescendance alla jusqu'à recevoir des commissaires qui lui furent envoyés du Texas.

Les agens des Etats-Unis sur ce territoire ne perdirent pas un moment si précieux; et profitant du statu quo où était resté le Mexique, ils préparèrent les choses et dirigèrent les événemens de telle sorte, que presque aussitôt eut lieu l'annexion du Texas, déjà concertée avec l'Union américaine.

Ainsi, l'annexion d'un. territoire regardé comme partie intégrante du Mexique durant toute la durée de la domination de l'Espagne, et, depuis l'émancipation, sans que ce territoire eût été une seule fois contesté en tant d'années, sans même qu'il lui manquât la sanction du traité de limites entre la république du Mexique et les Etats-Unis d'Amérique; cette annexion vint à se consommer par les moyens réprouvés de la violence et du dol.

Les nations civilisées ont vu avec étonnement, dans ce siècle de civilisation et de lumières, une puissance forte et consolidée, profitant des dissensions intérieures d'une nation voisine, endormir sa vigilance par des protestations d'amitié, mettant en jeu tous les ressorts de l'intrigue, de la perfidie et de la violence, et réussissant enfin à la dépouiller d'une partie de son territoire, au mépris de tous les droits de la propriété et après une occupation maintenue sans interruption!

Voilà la vraie situation de la république du Mexique; dépouillée, outragée, méconnue, et appelée encore à subir une dernière humiliation. Le sentiment de sa propre dignité ne permettrait pas de souffrir une pareille ignominie.

On comprend avec peine, comment, à la suite des explications claires et suffisantes données à S. E. M. Slidell, dans la note du 20 décembre, le pouvoir exécutif aux Etats-Unis croie encore trouver des motifs pour exiger ce qu'on refuse dans la note avec pleine raison.

Le consul des Etats-Unis, dans cette capitale, avait adressé une note confidentielle, portant la date du 13 octobre, au dernier ministre des affaires étrangères, dans laquelle, s'en tenant à ce qu'il avait dit précédemment dans une entrevue particulière, il exposait: qu'au moment de la suspension des rapports diplomatiques entre les deux pays, l'assurance avait été donnée au général

E

Almonte du vif plaisir éprouvé par le président de voir 1846 se régler pacifiquement les sujets de plainte qui divisaient les deux Gouvernemens, et de concourir au rétablissement des relations les plus intimes et les plus cordiales entre les deux républiques soeurs. Le président éprouvait encore le même désir. Il souhaitait que le

conflit actuel se terminât amiablement, et non en recourant aux armes. Le président, enfin, préoccupé de ces sentimens, m'ordonnait, disait-il, d'exposer à V. E. que n'ayant pas d'agent diplomatique à Mexico, il désirait savoir si on recevrait un envoyé des Etats-Unis, investi de tous les pouvoirs nécessaires pour régler les questions débattues entre les deux Gouvernemens. Dans le cas où cette demande serait favorablement accueillie, le départ de l'envoyé aurait lieu à l'instant près du Gouvernement mexicain.

Il fut répondu dans le ministère auquel appartient aujourd'hui le soussigné, à la date du 15 octobre, que: "bien que la nation eût été gravement offensée par le Gouvernement des Etats-Unis, en raison des actes commis dans la province mexicaine du Texas, le Gouvernement était disposé à recevoir le commissaire envoyé des Etats-Unis dans la capitale, avec de pleins pouvoirs pour régler, par des voies pacifiques, équitables et honorables, la contestation présente, et qu'en agissant ainsi, le Gouvernement mexicain prouvait clairement qu'après les injures reçues et malgré son désir énergique d'en obtenir réparation, il ne voulait ni repousser ni mépriser l'offre de paix présentée par son adversaire."

D'après cette citation, on voit que la ferme intention du Gouvernement mexicain, en admettant un plénipotentiaire des Etats-Unis, était de ne le recevoir qu'avec des pouvoirs ad hoc, c'est-à-dire spéciaux quant à l'affaire du Texas. Et, en effet, c'était là le seul point à traiter, c'était le préliminaire d'une reprise de bonnes relations entre les deux pays, et la condition expresse à laquelle était subordonnée l'admission de cet envoyé près de notre Gouvernement.

Le Gouvernement de la république ne pouvait s'engager au-delà sans compromettre sa responsabilité; admettre un envoyé des Etats-Unis avec le caractère des agens ordinaires d'une nation amie, lorsque la grave affaire du Texas était pendante, lorsqu'on mettait en question, soit directement, soit indirectement, l'intégrité du

1846 territoire mexicain, et qu'on voyait attaquer ainsi jusqu'à notre nationalité, c'était à faire dire que toutes les difficultés étaient finies, c'était clore prématurément une question à peine débattue, et donner ainsi pour parfaitement rétablies, les anciennes relations de paix et d'amitié existantes entre les deux nations.

Voilà ce qu'on doit dire au nom de la simple vérité. D'après cet exposé, la nomination d'un envoyé extraordinaire, d'un ministre plénipotentiaire des Etats-Unie, et le maintien officiel de cet agent, nonobstant les représentations élevées à ce sujet par le Gouvernement du Mexique, devenait un acte tel, que le soussigné se refuse à le qualifier.

Si la bonne foi préside, comme en doit le supposer, aux résolutions du Gouvernement des Etats-Unis, à quelle cause faut-il attribuer l'obstination extraordinaire qu'il a montrée à ne vouloir rien céder aux conditions sans lesquelles le Mexique n'eût jamais accédé à sa demande? Si l'on avait voulu sincèrement la paix entre les deux nations, le moyen était trouvé: il suffisait, comme l'avait offert le Gouvernement mexicain, d'envoyer des Etats-Unis un plénipotentiaire ou un commissaire chargé de pouvoirs spéciaux pour l'affaire du Texas.

Et cependant, on veut aujourd'hui prendre acte de ces représentations pour soutenir que le Mexique garde vis-à-vis des Etats-Unis une position hostile; c'est ajouter une nouvelle offense à tant d'affronts. Son attitude aujourd'hui, c'est la défensive, même après avoir été injustement attaqué; après avoir vu son territoire envahi par les forces d'une nation qui, au mépris de tous les droits, voudrait y établir sa souveraineté; c'est encore la défensive, lorsque ses ports sont bloqués par les escadres de cette puissance.

Mais, au milieu d'événemens si critiques, l'inaction est-elle possible? N'y a-t-il pas de mesures à prendre, les mesures que commande la situation?

Ce n'est pas au Mexique à décider s'il convient ou non de reprendre des négociations, ou s'il faut en venir à une rupture ouverte. Il y a long-temps qu'il y devrait être amené par le souci de ses intérêts et de sa dignité; mais l'espoir d'une transaction à la fois honorable et pacifique a étouffé le cri de ses réclamations.

De ce qui précède, on doit voir que si à la fin la guerre devient inévitable, et si la paix des nations civi

lisées doit être troublée, la faute n'en sera pas au Me- 1846 xique, mais aux Etats-Unis seuls. La responsabilité de la guerre, elle ne retombera pas sur le Mexique, qui a reçu avec une générosité sans égale les citoyens américains venus pour coloniser le Texas! Elle retombera sur les Etats-Unis qui, au mépris de tous les traités, ont couvert de leur protection une révolte inique. Elle n'atteindra jamais le Mexique, qui même, au milieu de si violens et de si fréquens affronts, a consenti à écouter des propositions de paix. Elle retombera sur les Etats-Unis qui, sous de frivoles prétextes, ont évités de conclure un arrangement tout en parlant de paix; mais en faisant marcher à la fois leurs escadres et leurs troupes sur le Mexique, et en prétendant nous plier sous une humiliation inacceptable, pour donner un prétexte aux hostilités..

C'est donc aux Etats-Unis et non au Mexique à choisir entre ces deux alternatives indiquées par M. Slidell, soit une négociation amicale, soit une rupture ouverte.

Le soussigné n'hésite pas à croire que S. E. M. Slidell, après avoir examiné la teneur de la présente note, restera convaincu de la confiance que le Gouvernement mexicain conserve encore dans le Gouvernement des Etats-Unis, et qu'ainsi on adoptera des mesures convenables, avec la maturité et la réserve commandées par l'immensité des intérêts engagés dans ce grave débat.

Le Gouvernement mexicain se tient prêt, si les circonstances l'exigent, à vider le différend par les armes; mais ce n'est pas sans conserver l'espoir que la paix du nouveau continent ne sera pas troublé; et en faisant cette déclaration à la face du monde, il écarte loin de lui la responsabilité des maux qui doivent ressortir d'une lutte qu'il n'a pas provoquée et qu'il a voulu éviter à tout prix.

Après avoir fait cette déclaration, par ordre de son Gouvernement, à S. E. M. John Slidell, le soussigné saisit cette occasion de lui faire agréer l'assurance de sa très-haute considération.

Signé: J. M. DE CASTILLO Y Lanzas.

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