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LXV.

Manifeste de la Porte Ottomane, en date du 4 octobre 1853, exposant les motifs qui la porlent à déclarer la guerre à la Russie.

Traduction officielle.

1 Moharrem, 1270.

Dans les circonstances actuelles il serait superflu de reprendre, des l'origine, l'exposé du différend survenu entre la Sublime Porte et la Russie, d'entrer de nouveau dans le détail des diverses phases que ce différend a parcouru, ainsi que de reproduire les opinions et appréciations du Gouvernement de Sa Majesté le Sultan, qui ont été rendues notoires par les précis officielles publiées en temps et lieu.

Malgré le désir de ne pas revenir sur les motifs pressants qui ont determiné les modifications apportées par la Sublime Porte au projet de note élaboré à Vienne, motifs exposés aussi précédemment dans une note explicative, de nouvelles solicitaLions ayant été faites pour l'adoption pure et simple du dit projet, à la suite de la non-acceptation de la Russie à ces mêmes modifications, le Gouvernement Ottoman, se trouvaut aujourd'hui, quant à l'adoption du projet de note en question, sous l'empire de la plus grande impossibilité et forcé d'eutreprendre la guerre, croit de son devoir de faire l'exposé des raisons impérieuses de cette importante détermination, ainsi que de celles qui l'ont obligé à ne pas conformer pour cette fois sa conduite aux conseils des Grandes Puissances ses alliées, bien qu'il n'ait jamais cesse d'apprécier la nature bienveillante de leurs observations.

Les points principaux que le Gouvernement de Sa Majesté le Sultan relevera d'abord sont ceux-ci; c'est que, dès le principe, il n'a existe dans sa conduite aucun motif de querelle, et qu'animé du désir de conserver la paix, c'est avec un remarquable esprit de modération et de conciliation qu'il a agi depuis e commencement du différend jusqu'à présent. Il est facile de prouver ces faits à tous les esprits qui ne s'écartent pas de la voie de la justice et de l'équité.

Quand même la Russie aurait eu un sujet de plainte a élever relativement à la question des Lieux Saints, elle aurait du circonscrire ses démarches et ses sollicitatious dans les limites de cette seule question et ne pas elever des prétensions que l'objet même de ses réclamations ne ponvait comporter Elle aurait du, en outre, ne pas prendre des mesures d'intimidation, comme celles d'envoyer ses troupes aux frontières et de faire des préparatifs de force maritime à Sévastopol, au sujet d'une question qui aurait pu être résolue amicalement entre les Deux Puissances. Or, il est évident que c'est tout-à-fait le contraire qui a eu lieu.

La question des Lieux Saiots avait été résolue à la satisfaction de toutes les parties; le Gouvernement de Sa Majesté le Sultan avail témoigné de favorables dispositions au sujet des assurances demandées pour cette question, et pour certaines autres deman

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des relatives à Jérusalem. Enfin, il n'y avait plus lieu, de la part de la Russie, d'élever aucune réclamation. N'est-ce pas chercher un prétexte de guerre que d'insister, comme elle le fait, sur la question des priviléges de l'Eglise Grecque, octroyés par le Gouvernement Ottoman privileges qu'il croit de son hơnneur, de sa dignité et de son autorité suzeraine de maintenir, et au sujet desquels il ne peut admettre ni l'immixtion ni la surveillance d'aucun Gouvernement. Nest-ce pas la Russie qui a occupé avec des forces considérables les Principautés de Moldavie ét de Valachie, en déclarant que ces provinces lui serviraient de garantie jusqu'à ce qu elle eût obtenu ce qu elle exige? Cet acte n'a-t-il pas été justement considéré par la Sublime Porte comme une violation des Traités et par conséquent comme un casus belli? Les autres Puissances elles-mêmes ont-elles pu en juger autrement? Qui donc pourra douter que la Russie ne soit l'aggresseur?

La Sublime Porte, qui a toujours observé avec une fidélité notoire tous ses Traités, a-t-elle pu les entreindre au point ne déterminer la Russie à une démarche aussi violente que celle d enfreindre elle-même ces mêmes Traités? Ou bien contrairement à la promesse consignée explicitement dans le Traite ne Kainardjé, s'est-il produit dans l'Empire Ottoman des faits par reiis à ceux de démolition des églises Chrétiennes ou d'obstacles apportés à l'exercice du culte Chrétien?

Le Cabinet Ottoman sans vouloir entrer dans de plus longs détails sur ces points, ne doute pas que les Hautes Puissances ses alliées ne trouvent et ne jugent tout-à-fait juste et véridique ce qui vient d'être mentionné.

Quant à la non-adoption sous la forme pure et simple du projet de note de Vienne par la Sublime Porte, il est à remarquer que ce projet sans être tout-à-fait conforme à la note du Prince Menchikoff, et tout en contenant, il est vrai, dans sa composi-tion, quelques-uns des paragraphes du projet de note de la Sublime Porte elle-même, n'est point dans son ensemble, soit dans sa lettre, soit dans son esprit, essentiellement différéul de celui du Prince Menchikoff.

Les assurances récemment données par les Représentants des Grandes Puissances au sujet du danger d'interprétations naisibles du projet de note en question, sont une nouvelle preuve des bonnes intentions de leurs Gouvernements respectifs pour la Sublime Porte; elles ont par conséquent causé une vive satisfaction au Gouvernement de Sa Majesté le Sultan. Il faut remarquer cependant, au moment où nous avons encore sous les yeux le debut des priviléges religieux soulevé par la Russie, qui cherche à s'appuyer sur un paragraphe si clair et si precis du Traité du Kainardje, que vouloir consigner dans une piece_diplomatique le paragraphe concernant la sollicitude active des Empereurs de Russie pour le maintien, dans les Etats de la Sublime Porte, des immunités et des priviléges religieux octroyes du culte Grec par les Empereurs Ottomans, avant l'existence meme de la Russie comme Empire, laisser dans un état douteux et obscur l'absence de tout rappor entre ces priviléges et le Traité de Kainardje employer en faveur d'uue grande communauté de

sujets de la Sublime Porte professant le rit Grec des expressions qui pourraient faire allusion à des Traités conclus avec la France et l'Autriche relativement aux religieux Français et Latins, ce serait courir la chance de mettre à la disposition de la Russie certaines paragraphes, vagues et obscurs, dont quelques-uns memes sont contraires à la réalité des faits; ce serait également, sans nul doute, offrir à la Russie un prétexte solide pour ses prétensions de surveillance et de protectorat religieux prétensioas qu elle essaierait de produire en affirmant qu'elles n'ont rien d'attentatoire aux droits souverains et à l'indépendance de la Sublime Porte.

Le langage même des employés et agents de la Russie qui ont declaré que l'intention de leur Gouvernement n'était autre que de remplir l'office d'avocat auprès de la Sublime Porte, toutefois que des actes contraires aux priviléges existant auraient lieu, est une preuve patente de la justesse de l'opinion du Gouvernement Ottoman.

Si le Gouvernement de Sa Majesté le Sultan a jugé nécessaire de demander des assurances lors même que les modifications proposées par lui à la note de Vienne auraient été accueillies, comment, en conscience, pourrait-il être tranquille, si la note de Vienne était maintenue dans son intégrité et sans modifications? La Sublime Porte en acceptant ce qu eile a déclaré à tout le monde ne pouvoir admettre sans y être forcée, compromettrait sa dignité vis-à-vis des autres Puissances; elle la sacrifierait aux yeux même de ses propres sujets, et tout en attentant à son honneur, elle commettrait un suicide moral et matériel sur elle-même.

Quoique le refus de la Russie d'accéder aux modifications réclamées par la Sublime Porte ait été basé sur un question d'honneur, l'on ne saurait nier que la cause réelle du refus de la Russie provient uniquement de son désir de ne pas remplacer par des termes explicites, des expressions vagues qui pourraient ultérieurement lui fournir un prétexte d'immixtion. Une semblable conduite oblige conséquemment la Sublime Porte à persister de son côté dans sa non-adhésion.

Les raisons qui ont déterminé le Gouvernement Ottoman à faire ses modifications ayant été appréciées par les Représentants des Quatre Puissances, il est prouvé que la Sublime Porte a eu complètement raison de ne pas adhérer à l'adoption pure et simple de la note de Vienne.

En entrant en discussion sur les inconvénients que cette note présente, le but n'est pas de critiquer un projet qui a obtenu l'assentiment des Grandes Puissances. Leurs efforts ont toujours tendu, tout en désirant de préserver les droits et l'independance du Gouvernement Impérial, à conserver la paix. Les démarches faites dans cette intention étant on ne peut plus louables la Sublime Porte ne saurait assez les apprécier. Mais comme chaque Gouvernement possède évidemment, par suite de ses connaissances propres et de son expérience locale, plus de facilités que tout autre Gouvernement pour juger les points qui touchent à ses propres droits, l'exposé que fait le Gouvernement Olloman provient de l'unique désir de justifier la situation obligatoire où

il se trouve placé à son plus grand regret, andis qu'il aurait désire continuer à ne point s'écarter des conseils bienveillants qui lui ont été offerts par ses alliés depuis l'origine du différend ét qu'il a suivis jusqu'à présent.

Si on allègue que l'empressement avec lequel on a arrêté en Europe un projet résulte de la lenteur de la Sublime Porte à proposer un arrangement, le Gouvernement de Sa Majes é te Sultan se trouve dans l'obligation de justifier en exposant les faits suivants.

Avant l'entree des troupes Russes dans les deux Principautés quelques-uns des Représentants des Puissances, guidés par l'intention sincère de prévenir l'occupation de ces prorinces, ont exposé à la Sublime Porte la nécessité de rédiger un projet de fusion des projets de note de la Sublime Porte ét du Prince Menchikoff.

Plus tard les Représentants des Puissances ont remis confidentiellement à la Sublime Porte différents projets d'arrangement. Aucun de ces derniers ne répondant aux vues du Gouvernement Imperial, le Cabinet Ottoman était sur le point d'entrer en nẻgociations avec les Représentants des Puissances sur un projet rédigé par lui-même, conformément à leur suggestion. Dans ce moment la nouvelle du passage du Pruth par les Russes étant arrivée ice fail a changé la 'question de face. Le projet de note proposé par la Sublime Porte a du être mis de côté, et les Cabinets ont été priés d'exprimer leur manière de voir sur cette violation des Traités, après la protestation de la Sublime Porte. D'un côté le Cabinet Ottoman a du attendre les réponses, et de l'autre il a arrêté sur la suggestion des Représentants des Puissances un projet d'arrangement qui a été envoyé à Vienne. Pour toute reponse à toutes ces démarches actives, le projet de note élaboré à Vienne a paru.

Quoiqu'il en soit, le Gouvernement Ottoman craignant à juste litre tout ce qui impliquerait un droit d'immixtion en faveur de la Russie dans les affaires religieuses, ne pouvait faire pius que de donnel des assurances propres à dissiperles doutes qui étaient devenus le sujet de la discussion; et ce ne sera pas surtout apres tant de préparatifs et de sacrifices qu'il acceptera des propositions qui n'ont pu être accueillies lors du séjour du Prince Menchikoff à Constantinople. Puisque le Cabinet de St. Petersbourg ne s'est pas contenté des assurances qui lui ont été offertes; puisque les efforts bienveillants des Hautes Puissances sont demeurés infructueux, puisqu enfin la Sublime Porte ne peut tolérer ni souffrir plus longtemps l'état de choses actuel, ainsi que la prolongation de l'occupation des Principautés Moldo-Valaques, partres intégrantes de son Empire, le Cabinet Ottoman, dans l'intention ferme et louable de défendre les droits sacrés de souveraineté et lindependance de son Gouvernement, usera de justes représailles contre une violation des Traités qu'il considere comme un casus belli II notifie, donc, officiellement que le Gouvernement de Sa Majesté le Sultan se trouve obligé à déclarer la guerre, et qu'il a donné les instructions les plus catégoriques à son Excellence Omer Pacha pour inviter le Prince Gortchakoff à évacuer les Principautes, et de commencer les hostilites, si

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dans un délai de quinze jours à partir de l'arrivée de sa dépêche au quartier-général Russe, une réponse négative lui parvenail.

Il est bien entendu que si la réponse du Prince Gortchakoff est négative, les agents Russes devront quitter les Etats Ottomans, et que les relations commerciales des sujets respectifs des deux Gouvernements devront être interrompues.

Toutefois la Sublime Porte ne trouve pas juste que l'embargo soit mis sur les navires marchands Russes conformément aux ancients usages. En conséquence il leur sera donné avis de se rendre dans la Mer Noire ou dans la Méditerranée à leur choix, dans un délai qui sera fixé ultérieurement. En outre, le Gouvernement Ottoman ne voulant pas apporter d'entraves aux relations commerciales des sujets des Puissances amies, laissera, pendant la guerre, les Détroits ouverts à leur marine marchande,

LXVI.

Manifeste de l'Empereur de Russie publié contre la déclaration de guerre faite par la Porte Ottomane, signé à Tsarskoé-Sélo, le 1 novembre 1853.

Par la grâce de Dieu, Nous, Nicolas 1, Empereur et Autocrate de toutes les Russies, etc.

Savoir faisons:

nous

Par notre Manifeste du 14 Juin de la présente année, avons fait connaître à nos fidèles et bienaimés sujets les motifs qui nous ont mis dans l'obligation de réclamer de la Porto Ottomane des garanties inviolables en faveur des droits sacrés de l'Eglise Orthodoxe.

Nous leur avions annoncé également que tous nos efforts pour ramener la Porte, par des moyens de persuasion amicale, à des sentiments d'équité et à l'observation fidèle des Traités, étaient restés infructueux, et que nous avions, par conséquent, jugé indispensable de faire avancer nos troupes dans les Principautés du Danube. Mais, en adoptant cette mesure, nous conservions encore l'espoir que la Porte reconnaîtrait ses torts, se déciderait à faire droit à nos justes réclamations.

Notre attente a été déçue.

et

En vain même les principales Puissances de l'Europe ont cherché par leurs exhortations à ébranler l'aveugle obstination du Gouvernement Ottoman. C'est par une déclaration de guerre, par une proclamation remplie d'accusations mensongères contre la Russie, qu'il a répondu aux efforts pacifiques de l'Europe, ainsi qu'à notre longanimité. Enfin, enrôlant dans les rangs de sou armée les révolutionnaires de tous les pays, la Porte vieat

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