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SEPTEMBRE 1782.

PAR la Coutume de Franche-Comté, Tit. des Main-Mortes, le serf ne cultive jamais pour lui, jamais la terre qu'il laboure ne peut être son patrimoine. Tout ce qu'il acquiert, tous les immeubles qu'il possède dans la contrée ne lui appartiennent pas davantage; il n'en a que l'usufruit. A sa mort, le seigneur s'en empare, et les enfans en sont frustrés si ces enfans n'ont pas toujours habité la maison de leur père, et si la fille du serf ne prouve pas que, la première nuit de ses noces, elle a couché dans la maison de son père, et non pas dans celle de

son mari.

Tout Français, tout étranger qui a le malheur d'habiter un an et un jour dans une terre main - mortable devient serf et communique cette tache à toute sa postérité.

Le mariage d'un homme libre avec une serve rend serfs l'époux et ses enfans, s'il partage la maison de sa femme pendant un an et un jour. Il n'a qu'un seul moyen d'éviter la servitude, on arrache le serf mourant de la maison d'esclavage, on le porte sur une terre libre pour qu'il y rende le dernier soupir, et la liberté de ses enfans est le prix de ce trajet qui avance l'agonie du père de famille. De graves auteurs disputent encore cette liberté aux enfans. Traité de la Main-Morte, page 48.

Douze mille Français sont soumis à cette loi atroce dans huit paroisses main-mortables du Chapitre de Saint-Claude. En 1770, elles ont présenté à Louis XV un Mémoire imprimé à Paris, qui contient tous les détails de cette horrible

coutume.

Ces huit paroisses sont à présent les seules malheureuses du royaume de Louis XVI, dont le premier Edit a eu pour objet d'affranchir les serfs de ses domaines. La seule Franche-Comté n'a point participé à ses bienfaits; l'Edit mémorable de 1779 n'est pas encore enregistré au Parlement de Besançon, et la main-morte subsiste toujours dans les possessions du Chapitre de Saint-Claude.

Les religieux de la Mercy, dit M. de Voltaire, passent les mers pour aller délivrer nos frères lorsqu'on les a faits serfs à Maroc ou à Tunis; qu'ils viennent donc délivrer douze mille Français esclaves en Franche-Comté !

russe,

Le comte et la comtesse du Nord, Anecdote mise au jour par M. le chevalier du Coudray, brochure in-12, avec cette épigraphe : Delectando pariterque monendo. M. le chevalier du Coudray est la créature du monde la plus sensible.Il est si reconnaissant de l'accueil prodigieux que le public daigna faire à la Relation qu'il mit au jour en 1777, sous le titre d'Anecdotes de l'illustre Voyageur, qu'il aurait cru manquer à

ce public si juste et si éclairé s'il ne s'était pas empressé à satisfaire aujourd'hui sa curiosité sur le séjour de Leurs Altesses impériales à Paris. Voilà du moins le sentiment qu'il déploie dans la préface de son Livre avec une candeur et avec une satisfaction également touchantes. Il est seulement malheureux que tant de zèle n'ait pas été mieux servi; il se plaint avec beaucoup d'humeur de ce que les personnes les plus capables de lui fournir les matériaux nécessaires à la perfection de son ouvrage se sont toujours obstinées à les lui refuser. Ce n'est donc pas sa faute s'il s'est vu réduit à se contenter de ce qu'il a pu ramasser par-ci par-là dans les Journaux, dans les Gazettes et dans les cafés. La célérité avec laquelle il a cru devoir répondre à l'empressement du public a pu occasioner des transpositions de dates, des fautes de typographie, des omissions de faits; mais l'intelligence du Lecteur, et c'est ce qui le console, y pourra suppléer aisément; en effet, quel est le Lecteur tant soit peu ingénieux qui ne puisse suppléer aisément aux omissions de faits? Quant au style de l'ouvrage, voici ce qu'en pense l'auteur lui; même : « J'aurais, désiré, dit-il, avoir un style

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plus correct, une diction plus élégante pour >> célébrer les vertus qui décorent les personnes » de M. le comte et de madame la comtesse du » Nord; mais je pense que le public impartial » me tiendra compte de mon zèle et de ma

» bonne volonté quand certains journalistes... » Vox faucibus hæsit... » Que de choses cette heureuse réticence laisse entendre!

Quoi qu'il en soit, le diamant le plus précieux de ce nouveau Recueil de M. le chevalier du Coudray, c'est sans contredit ce charmant madrigal à M. le comte du Nord pour lui demander la clef de chambellan.

Le Dieu du Pinde et de la double cime
Ne me fournit qu'un son rauque et raclé;
Mais, après tout, peu m'importe la rime,
Si de mes vers tu me donnes la clé.

Il y a peu de traits de cette force, même dans. les meilleures productions de M. le chevalier du Coudray.

Nouveau Théâtre allemand, par M. Friedel, professeur en survivance des Pages de la GrandeEcurie du Roi; in-8°. Il n'a paru encore que deux volumes de ce nouveau Théâtre, et ces deux volumes n'ont pas fait une grande fortune. Les pièces que M. Friedel nous a fait connaître jusqu'ici offrent sans doute, même à travers les défauts d'une traduction pen soignée, des beautés de détail, des scènes originales, des traits de nature et de sensibilité; mais on trouve qu'elles réunissent trop souvent l'exagération et l'insipidité de nos drames modernes avec les irrégu- › larités monstrueuses de la scène anglaise. On a essayé de donner le Page sur le Théâtre des grands Danseurs du Roi; quoique la pièce n'eût

pas

obtenu un succès bien merveilleux, les Comédiens français ont jugé que l'ouvrage n'était pas du ressort de la Foire, et en conséquence ils ont obtenu l'ordre d'en faire arrêter les représentations la pièce n'a été jouée que deux fois.

:

On nous annonce une demi - douzaine de Poëmes nouveaux prêts à éclore; un de l'abbé Delille, sur les Paysages; un autre, de M. Roucher, sur les Jardins; encore un autre sur le même sujet, par le président de Rosset, auteur des Géorgiques françaises; les Champs de l'abbé Le Monnier. La Nature, par M. de Fontanes; la 'Nature, par M. Lebrun; que sais-je! nous en oublions peut-être autant que nous venons d'en citer. Plus nos poëtes s'éloignent de la Nature, et plus ils s'obstinent à la chanter. Cette espèce d'engouement a fait dire à M. Lemierre, dans un accès de mauvaise humeur :

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M. de La Roche, valet de la garde-robe du Roi, gouverneur de la Ménagerie, chevalier de SaintLouis, est un des plus fidèles, mais aussi l'un des plus sales serviteurs de nos Rois. Il s'était avisé d'acheter un grand troupeau de dindons qui importunaient fort Sa Majesté toutes les fois qu'elle passait devant la Ménagerie. A qui tous

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